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Sushis en république Ranjalia

Antananarivo, Madagascar, entre Afrique et Asie, entre Dakar, Séoul et Tokyo.

dimanche 19 mai 2002
[ 22:42:23 ] 

C'est très long, en anglais... Absolument pas fait pour les personnes atteintes de TDA... Mais c'est une magistrale réflexion de "marketing". Avec un petit coup de main de Google et de Voila qui m'ont évité de tout refrapper, traduction du début d'un texte de Matthew Sturges :

Pour la plupart des Américains, l'"évangelisme" n'est pas un joli mot. Pour des non-croyants, le mot évoque des images des témoins de Jéhovah postés à l'entrée de la maison ou des mormons en chemisette harcélant des personnes au supermarché -- le genre de méthode de persuasion généralement réservé aux télémarketeurs et aux vendeurs de voitures d'occasion. Pour beaucoup de chrétiens, le mot a également une connotation négative. Beaucoup de chrétiens voient l'évangelisme de la même manière qu'ils pensent à rendre visite à leur tante atteinte de la maladie d'Alzheimer : une vague obligation vis à vis de laquelle ils trouvent toujours un motif valable de report. En fait, je pense que la grande majorité des chrétiens américains trouve la notion d'évangelisation d'un mauvais goût extrême et ne la pratique à aucun prix.

Par "évangelisme," naturellement, je me réfère à la pratique de diffuser la "Bonne Nouvelle", l'évangile de Jésus. La simple lecture de ces mots vous fait peut-être grincer des dents ? Ne vous sentez pas coupable -- c'est une réaction normale. J'expliquerai pourquoi plus tard. Ce qu'il est important de noter, si vous n'êtes pas un disciple de la bible, est que dans trois des quatre évangiles, Jésus donne clairement instruction à ses disciples de baptiser les gens et de diffuser ses enseignements à toutes les nations du monde, et que ceux qui n'acceptaient pas ces enseignements se faisaient bien avoir... Beaucoup de chrétiens détestent cette partie. La majeure partie des gens qui se considèrent croyants parmi ceux que je connais n'évangéliseraient personne même si leur vie en dépendait, et certainement n'auraient pas l'audace d'aller vers un bouddhiste pour lui dire qu'il est en train de dévaler la rampe vers la perdition.

Beaucoup d'autres chrétiens, cependant, prennent au sens littéral les mots de Jésus et feront tout ce qui est en leur pouvoir pour obtenir de vous (et vous avez entendu l'expression, j'en suis sûr) que vous "acceptiez Jésus-Christ comme votre Seigneur et votre Sauveur personnels."

Ne détestez-vous pas cette expression ? Ne vous rend-elle pas mal à l'aise ? Cela ne sonne-t-il pas comme si on cherche à vous vendre quelque chose ? Évidemment que oui ! Et il y a une raison à cela: les techniques employées par la plupart des évangelistes sont précisément identiques à celles employées par les pires commerciaux.

Si vous avez jamais croisé un baptiste décidé, ou un mormon pendant ses années de mission, ou n'importe qui d'une église avec les mots "roche", "eau de vie", ou "signes et merveilles" dans sa dénomination, vous avez éprouvé le malaise de cette expérience. L'approche est simple et particulièrement peu sophistiquée, mais elle est employée parce que cela a fonctionné extrêmement bien dans le passé. Elle commence par quelques questions simples. "Vous croyez en Dieu ?", "Avez-vous appris que Dieu a un plan pour vous ?", "Avez-vous appris que Jésus est mort pour vos péchés ? Oui, pour vos péchés !".

Aujourd'hui, vous avez entendu ces questions mille fois, et en conséquence vous ne pouvez pas les prendre à leur valeur nominale, mais voyez seulement en elles le prélude d'un boniment. Mais si vous lisez le texte de ces questions en elles-même, elles sont tout à fait amicales et optimistes. Elles véhiculent la promesse de choses extraordinairement merveilleuses. Pensez-y une seconde, en mettant votre scepticisme de côté. Comme si vous n'aviez jamais entendu de tels propos, et que votre vision de monde puisse accepter l'existence de déités toutes puissantes. Ne pensez-vous pas que vous seriez intrigués par ces mots? Ne poseriez-vous pas quelques questions pour mieux comprendre ? Vous savez, comme si vous étiez un paysan d'Europe de l'Est au cinquième siècle. Vous croyez aux dieux et à la magie et vous croyez que les êtres humains ont un rapport fondamental et privilégié avec l'univers physique. Si vous êtes ce paysan, le christianisme ressemble à quelque chose de vraiment fantastique, parce que le message intrinsèque est un message d'amour, de paix, et de récompense éternelle pour vos souffrances.

Vous, cependant. Vous ne croyez pas à la magie, ou à des déités personnifiées. Vous croyez que s'il y a un Dieu, ce n'est pas un gars barbu dans un grand château blanc, mais plutôt une certaine énergie qui imprègne l'univers ou quelque chose comme cela. Ou peut-être êtes vous un païen, ou un athée, ou quoi que ce soit d'autre, et vous avez été conduit à penser que le christianisme ne recouvre que de la merde. C'est le premier coup.

Le deuxième coup est que vous êtes bien plus sophistiqué que ce paysan du cinquième siècle. Cela n'est pas forcément un compliment. Vous avez plus de vocabulaire, êtes certainement bien mieux informé de la façon dont le monde fonctionne, mais en même temps, vous êtes plus fermé, moins prompt à accepter de nouvelles idées et probablement bien plus enclin à en rire.

Le troisième coup est que vous vivez dans une civilisation où partout où vous allez, quelqu'un essaye de vous vendre quelque chose. Ils sont partout, et ils en veulent tous à votre argent. Ils ne vous accordent pas plus d'importance réelle qu'au premier quidam venu, et vous êtes certain que n'importe lequel d'entre eux marcherait sur les pieds de sa propre grand-mère pour un euro. Ils usent et abusent de techniques de ventes faisant appel à vos émotions et à vos désirs. Ils essayent de vous tromper en appliquant des exagérations peu raisonnables aux choses qu'ils essayent de vendre.

Trois coups. L'église retourne aux tranchées.

Si ce début vous a accroché, sachez que le reste du texte est tout aussi intéressant, ainsi que les commentaires des lecteurs. Ça ne manque pas de souffle en cette Pentecôte.


© 2002 Barijaona Ramaholimihaso
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