Sushis en république Ranjalia
Antananarivo, Madagascar, entre Afrique et Asie, entre Dakar, Séoul et Tokyo.
samedi 4 mai 2002Vu sur la une du Monde : une sélection de dessins consacrés à Super Dupont (PDF 493 Ko).
Je repense à ce dessin, et m'interroge : qu'est ce qui est plus simple, compter les transistors d'une carte mère d'ordinateur ou les voix d'un scrutin électoral atteint du syndrome de Palm Beach ?
A part quelques be kintana
, qui se souvient de ce comté de Floride ? Vous souvenez vous de ce que c'est un chad
? Le chiffre de 537 vous dit-il encore quelque chose ? Et les excès de maquillage de Katherine Harris ?
Ah, ça y est, vous vous rappellez : Bush-Gore, les élections américaines... Ces braves mamies américaines qui ont cru voter pour Gore et qui ont donné à Buchanan des pourcentages aussi surprenants que ceux de Le Pen... Et toutes les supputations journalistiques sur les opinions politiques des juges, du premier échelon jusqu'à la Cour Suprême...
Tout ceci pour relativiser nos petits malheurs du moment... Dans quelques mois, plus personne ne se souviendra de ce qui nous arrive. Si vous faites partie de ceux qui n'apprécient pas vraiment Bush, rappellez vous aussi 1960 et celui qui est resté dans l'histoire comme un brillant jeune homme :
JFK l'emporte de 119 057 voix sur un peu plus de 69 millions de suffrages exprimés. C'est le scrutin le plus serré depuis 1888. Les soupçons de fraude sont grands, et l'on accuse le clan Kennedy d'avoir fait jouer ses relations avec la Mafia pour falsifier de nombreux votes.Ceci est extrait d'un texte assez inquiet sur le système électoral américain. En 2000, les européens se sont gaussés, ont parlé d'arroseur arrosé, mais aujourd'hui les voilà confontés à Jorge, Silvio et Jean Marie...
Alors, la différence entre une République de bananes et la plus grande puissance mondiale ? Ne faisons surtout pas dans le plus facile : la différence est énorme, à l'échelle de toutes les nuances possibles entre le Pouvoir et la masse civile. Aux États-Unis, cette dernière est étonnamment forte, et pas seulement grâce aux mass médias, comme on veut le croire. Un esprit de démocratie anime l'Américain moyen, qui n'a pas fini de surprendre.
I respectfully ask him to reconsider. It's not the best route for America
: c'était Bush demandant à Gore de ne plus contester les résultats des élections. Et Gore, parce qu'il est américain, a finalement accepté quelque temps plus tard.
On peut rêver que la communauté internationale fasse un peu plus d'efforts pour faire passer le même message à qui vous savez, et que l'intéressé s'y plie... Mais il leur semble que nous ressemblons encore trop à des ranjalia
, donc me voilà contraint de recompter... Ah, là, là, c'est comme cela qu'on perd sa belle jeunesse...
Objectif du moment : comparer les résultats des deux Hautes Courts Constitutionnelles, tenter de voir si le verdict du 29 avril a un peu plus de crédibilité au vu des observations du Consortium que celui du 16 janvier... Entre les deux, 93 jours et un peu plus de 5% des voix. Pas tout à fait une paille.
Grâce à iCab, j'avais aspiré le 29 janvier le site de la première HCC... la même manoeuvre a donc été refaite avant-hier et hier...
Le site de la HCC a le mérite d'exister et de donner les résultats bureau de vote par bureau de vote... Mais on a du mal à lui trouver beaucoup plus de vertus. Ma première réaction a été : pourquoi uniquement des pages HTML, sans donner la possibilité de télécharger des fichiers ? et pourquoi l'examen du source de ces pages montre qu'elles ont été générées par Word ? Drôles de méthodes de travail, tant pour la première que pour la deuxième HCC.
Paranoïaque comme je suis, il m'est venu des soupçons qui n'ont commencer à se dissiper qu'avec la découverte de l'incident de Vatomandry... dont la page est à l'heure qu'il est tronquée sur le site de la HCC.
J'étais coincé. Impossible pour le citoyen lambda que je prétends être dans cet exercice d'être exhaustif avant Lundi. Me décidant à remonter à la source, je finis par téléphoner à la HCC, et tombe sur un gentil monsieur qui s'étonne que je ne récupère pas les informations chez telle ou telle personne que vous devinez peut-être.
Me voilà bien embarrassé pour lui répondre que ma paranoïa ainsi que celle du camp Ratsiraka (appréciez la nuance) me pousse à utiliser de préférence uniquement des données accessibles à l'ensemble du public pour affirmer mon opinion. Enfin bref...
Le problème du moment de la HCC est qu'ils ont grillé leur modem, et impossible pour eux d'en obtenir un autre pour corriger leur site avant mardi... Les lourdeurs de l'administration... Je propose de leur prêter un modem, mais mon câble série est pour un Mac, le leur n'est pas un DB9-DB9 mais un DB9-DB25... J'envisage d'aller chercher ce qu'il faut au bureau, mais y renonce, neutralité de l'institution et son réglement intérieur obligent...
Je finis par récupérer sur une disquette et sur papier les fameux documents concernant Vatomandry, et là tout s'éclaire...
La HCC a cru aller au plus facile en développant une base de données sous Microsoft Access ; pour ceux qui l'ignorent, sachez qu'Access est par nature plutôt autiste. Difficile de récupérer sous un format sympathique ce qu'affiche un état papier, dès lors que plusieurs fichiers sont concernés. Et l'assistant d'exportation en HTML est une fumisterie.
J'ai eu un problème similaire avec le site du Consortium. Pour faire plaisir à José Kely et consorts, j'avais dû transférer certains fichiers d'Access à FileMaker Pro. Mais tout le monde n'est pas forcément un geek, et les techniciens de la HCC ont choisi de passer par le chemin tortueux et pas vraiment satisfaisant de Word. Le quasi-monopole de Microsoft a aussi un impact sur la vie politique de Madagascar.
Passons encore. A l'heure qu'il est, j'ai ouvert deux séries de 111 pages HTML dans Excel, puis, avec l'aide de quelques macros et au prix de quelques heures de sommeil, éliminé les totaux et sous-totaux et les quelques discordances de format qui polluent ces tableaux. Espérons que mon oeil de lynx et mes doigts de fée ne m'ont pas trahi... Puis j'ai importé ces deux séries de 111 feuilles Excel dans deux bases FileMaker. Le travail sérieux va pouvoir commencer.
Une chose est sûre : je n'aurais pu faire tout cela avec un PC ordinaire, surtout pas sur mon temps de loisir. Mon G4 Cube a l'avantage énorme d'être silencieux (le PowerPC chauffe moins qu'un Pentium, et ne nécessite pas de ventilateur...), et un Mac s'interpose moins entre moi et mon travail qu'un PC Wintel. De plus, avec le temps, ma mémoire musculaire est devenue très Mac.