Étonnements rapides et durables

Ahanements d'octets austraux

 Ouf de soulagement

Communiqué commun du Trésor Américain, de la Réserve Fédérale et du fonds de garantie des dépôts :

After receiving a recommendation from the boards of the FDIC and the Federal Reserve, and consulting with the President, Secretary Yellen approved actions enabling the FDIC to complete its resolution of Silicon Valley Bank, Santa Clara, California, in a manner that fully protects all depositors. Depositors will have access to all of their money starting Monday, March 13. No losses associated with the resolution of Silicon Valley Bank will be borne by the taxpayer.

Traduction libre :

Après avoir reçu une recommandation des conseils d'administration de la FDIC et de la Réserve fédérale, et consulté le président, la secrétaire d'État [Janet] Yellen a approuvé les mesures permettant à la FDIC d'achever la résolution de la Silicon Valley Bank, située à Santa Clara, en Californie, d'une manière qui protège pleinement tous les déposants. Les déposants auront accès à la totalité de leur argent à partir du lundi 13 mars. Aucune perte liée à la résolution de la Silicon Valley Bank ne sera supportée par le contribuable.

La dernière phrase de ce communiqué s'explique par le fait que le problème initial de la Silicon Valley Bank était un problème de liquidité, pas de solvabilité. La lecture des états financiers à fin décembre laissait clairement penser que la banque disposait dans son bilan d'une quantité significative d'actifs relativement sûrs (Bons du Trésor et obligations hypothécaires). Par ailleurs, il n'a jamais été fait état de difficulté particulière sur le portefeuille de crédits. La valeur des actifs de la banque permettait en théorie de couvrir le remboursement des dépôts de la clientèle.

La difficulté était que la banque, pour faire face à des retraits massifs de la clientèle, se retrouvait contrainte de vendre hâtivement des titres qu'elle avait initialement l'intention de garder jusqu'à leur échéance : les HTM (held-to-maturity) évoqués dans mon billet précédent. Mais compte tenu de l'évolution des conditions sur le marché obligataire (forte hausse des taux d'intérêts sur les derniers mois), céder précipitamment ces titres amenait à comptabiliser des dépréciations. Le problème de liquidité risquait de se transformer en problème de solvabilité.

En décidant de fermer la banque en pleine journée du vendredi, les autorités ont pu stopper la fuite de liquidité, profiter du week-end pour évaluer la situation et constater qu'elles pouvaient injecter de la liquidité sans risque l'argent du contribuable.

En revanche, je ne me prononcerai pas en ce qui concerne la Signature Bank que les autorités US ont également décidé de fermer ce week-end. Car le problème de cette banque semble avoir été provoqué par l'activité relative aux cryptomonnaies. On est bien loin là de la "banque de Papa".

[Réagir]

 Ça peut devenir compliqué, la « banque de papa »…

Dans le monde de la finance globalisée, les crises ont ceci d'intéressant que presque personne n'a prévu leur arrivée. Ce fait est même ce qui les caractérise. Dans une économie de marchés où l'on a l'habitude de spéculer sur tout, ce qui amène à essayer d'anticiper en permanence, le rééquilibrage entre ceux qui ont tendance à voir un verre à moitié plein et ceux qui ont tendance à le voir à moitié vide se fait en continu. La régulation se fait alors via l'ajustement des prix en fonction du niveau de risque perçu, et ce réajustement se fait en général plutôt en douceur.

La crise, la vraie, éclate lorsque que quelqu'un crie brutalement Au loup ! et que les marchés découvrent avec effroi un fait important que la grande majorité n'avait pas perçu. Le réajustement se fait alors brutal, parfois excessif. Cela permet à ceux qui arrivent à analyser vite et bien une situation de réaliser alors de très substantiels profits1.

Il est trop tôt pour savoir si la cessation d'activité de la Silicon Valley Bank (SVB) entraînera une crise financière majeure ou demeurera un épiphénomène. À l'échelle des États-Unis, la SVB était un établissement de taille modeste, mais à en croire son site web, elle était en relation avec la moitié des entreprises financées par le capital-risque aux États-Unis et sa déconfiture pourrait avoir un effet systémique sur un secteur dont le poids au sein de l'économie n'est pas négligeable.

Au risque de paraître blasé, je dis souvent à mes collègues plus jeunes avoir intégré très tôt dans ma carrière le fait que les crises financières internationales arrivent assez périodiquement. Elles peuvent survenir tous les cinq ou dix ans, et ce malgré tous les efforts des régulateurs pour que l'information financière devienne aussi précise et exhaustive que possible afin de permettre aux acteurs de s'ajuster en permanence.

Ce qui est par contre inhabituel aujourd'hui, c'est que jusqu'ici les crises étaient déclenchées par un événement sur les marchés de capitaux ou au sein d'une banque d'investissement. On ne peut qualifier ainsi la SVB, qui présente plutôt les caractéristiques d'une banque commerciale classique.

Dans ce secteur, les difficultés surviennent le plus souvent de mauvais choix en matière d'octroi de crédit ou de fraudes. Il ne semble pas que ce soit le cas pour la SVB. Et c'est avec beaucoup d'intérêt que je constate que les arides sujets "risque de taux" et "risque de liquidité", qui dans le passé m'avaient fait cogiter pendant pas mal d'heures, sont susceptibles chez certaines banques commerciales d'avoir des effets aussi brutaux, ce qui ne manquerait pas faire évoluer la doctrine en la matière.

Certes la SVB avait des caractéristiques qui lui étaient propres. Il y aura sans doute beaucoup de discussions autour du fait que ses dirigeants aient plaidé et obtenu des autorités que les établissements de leur catégorie ne soient pas soumis à des obligations sur le niveau des ratios LCR et NSFR.

En lisant les états financiers de la SVB, je me dis également que les régulateurs pourraient être amenés dans le futur à se poser des questions sur la manière d'affiner l'information concernant certains actifs (AFS et HTM), voire à envisager que ces actifs puissent être dans certains cas mobilisés en dehors des marchés financiers. Car le mélange entre les marchés et les "banques de papa" ne se passe pas toujours bien…


  1. J'ai envisagé d'écrire "de jolis profits", mais je sens que cela pourrait entraîner chez le lecteur un biais moral. ↩

[Réagir]

 Légendes

Plusieurs choix dans la conception de Mastodon ont été dictés par une méfiance vis-à-vis des phénomènes de viralité recherchés par les réseaux sociaux dominants. Il n'empêche : Mastodon a vu dans les récentes heures l'émergence de son premier meme natif. En quelques heures, le hashtag #JohnMastodon nous a tous pris par surprise, et a été suivi par la suite de #JoanMastodon et #JeanneMasTodon, dans un doux mélange de satire sociale et de figures héroïques populaires.

Que s'est-il passé ? L'auteur conservateur Isaac Schorr a mal lu le nom du compte Twitter @joinmastodon et l'a attribué à un certain John Mastodon, fondateur supposé d'une compagnie éponyme rivale de Twitter.

Accordons à Schorr le bénéfice du doute. Il avait peut-être fait une recherche Google sur John Mastodon et était tombé sur cette "annonce" sur YCombinator selon laquelle John Mastodon, CEO et fondateur de Mastodon, avait été viré de la compagnie lorsque le cours de celle-ci était tombé au plus bas.

Certaines personnes semblent tellement imbibées de mythologie libertarienne qu'elles sont intellectuellement incapables d'imaginer que "quelque chose" qui a du succès puisse exister sans être la création d'une multinationale menée par un "capitaine d'industrie""… Leur modèle de progrès repose sur « un-homme-un-vrai-un-leader » qui en impose à des milliers de techno-serfs, mérite de cette manière les millions de dollars qu'il accumule et a des millions de suiveurs sur LinkedIn.

L'histoire d'Internet nous montre pourtant que les progrès les plus solides sont souvent venus de travaux coopératifs menés sans quête de profit financier… Pourquoi privilégier le modèle très vertical du maître régnant sur des hordes de techno-serfs, alors que la réalité ressemble davantage à des artisans utilisant les technologies collaboratives pour coopérer de manière beaucoup plus horizontale ?

Refusant d'avoir des esclaves à disposition, je me suis appuyé sur une pseudo-intelligence artificielle pour vous conter la véritable 😉 histoire de John Mastodon :

John Mastodon est un jeune explorateur de l'espace qui rêve de faire de grandes découvertes sur les planètes lointaines de la galaxie. Un jour, alors qu'il explore une nouvelle planète, il se retrouve confronté à Hellon Buck, un méchant empereur intergalactique qui cherche à s'emparer de ses technologies avancées et à terroriser la population.

Hellon Buck : "Mes fusées vont s'emparer de tes technologies !"

John Mastodon : "Je ne me laisse pas marcher sur les pieds, Hellon. Je suis prêt à me battre pour défendre ce qui m'appartient, même si je n'ai qu'un sabre à ma disposition."

Hellon Buck : "Tu vas regretter de t'être opposé à moi !"

John Mastodon : "Je n'ai pas peur de toi, Hellon. Tu es juste un méchant empereur qui ne pense qu'à lui-même."

Hellon Buck : "Mes fusées vont t'écraser !"

John Mastodon : "On verra bien, Hellon. Je suis prêt à me battre jusqu'à la mort s'il le faut."

Au moment où Hellon Buck s'apprête à donner l'ordre à ses fusées d'attaquer John, il glisse sur la peau de banane qu'il vient de manger et tombe à terre. John en profite pour attaquer et vaincre rapidement Hellon et ses fusées.

Grâce à son agilité et à sa chance, John réussit à vaincre Hellon Buck et ses fusées et à défendre ses droits et sa liberté. Il devient un héros pour la population de la galaxie et continue à explorer l'univers, à la recherche de nouvelles formes de vie et de technologies avancées.

[Réagir]

 Aider un pachyderme à surfer

L'apprentissage de Mastodon peut être assez ingrat, car après votre inscription sur une instance, votre page d'accueil demeurera désespérément vide si vous ne la meublez pas… Votre serveur Mastodon ne vous proposera rien de lui-même, et il vous faudra explorer pour trouver des personnes à suivre. Peuut-être découvrirez vous des gens qui vous intéressent dans le "fil public local" ou dans le "fil public global" affichés par votre serveur, mais cela risque d'être un peu laborieux si vous comptez uniquement sur la chance…

Je vous encourage néanmoins à persévérer. En ce qui me concerne, je suis sur Mastodon depuis Avril 2017, mais le service n'est devenu vraiment intéressant que lorsque j'ai franchi un cap concernant le nombre de personnes suivies. J'en suis actuellement à 217 personnes suivies (qui ne sont toutefois pas toutes actives). Mon conseil est donc : explorez, explorez, et de préférence, trouvez…

Dans le billet précédent, je faisais état d'une chose qui m'avait moi-même trompé pendant plus de cinq ans : c'est une grosse erreur de croire que les applications dédiées Mastodon sont des outils efficaces pour découvrir de nouveaux contenus.

Il s'agit d'une erreur, car les clients dédiés sont avant tout conçus pour afficher du contenu transitant par votre instance. Ce qui ne représente qu'un sous-ensemble de tout le contenu disponible, en particulier si l'instance à laquelle vous êtes inscrit est récente (comme celles qui viennent de se créer suite aux changements chez Twitter) ou relativement petite (comme Mastodon.mg, l'instance où je suis).

Car ce qu'on appelle "fil public global" ne l'est que de nom. Le graphique du message ci-après explique cela mieux que je ne le puis :

Il faut le dire et le redire : en raison de la structure décentralisée du Fediverse, un navigateur web est beaucoup plus efficace qu'un client Mastodon dédié pour faire des découvertes intéressantes. En effet, vous serez exposé à bien plus de contenu si vous utilisez votre navigateur web pour suivre les liens affichés par les serveurs (ceux sur l'heure d'un message ou ceux en bas d'un profil). Vous découvrirez alors l'intégralité des conversations sur les instances où leurs auteurs sont inscrits et, de fil en aiguille, vous découvrirez d'autres personnes ayant des intérêts communs.

Mais vous sentirez rapidement que, via le web, réagir à un post ou suivre quelqu'un qui est inscrit sur une instance autre que la votre devient vite un peu fastidieux.

Toutefois, la situation s'améliore très nettement si l'on installe dans son navigateur quelques signets Javascript bien pratiques. Pour vous faciliter la tâche, j'ai donc mis en ligne un outil qui vous permet d'installer facilement de tels signets. J'espère qu'ils vous seront utiles.

(À suivre)

[Réagir]

 L'envol sur un pachyderme

Il y a quelque chose de fascinant dans ce qui arrive à Twitter. Des dizaines de milliards de dollars de valorisation boursière se sont volatilisés et risquent bien de ne jamais être retrouvés, à cause de l'hybris d'un individu.

Il n'y a par contre rien de fascinant à ce qui arrive à Mastodon. Du moins à mes yeux. Tout en étant incapable de dénombrer les « réseaux sociaux » que j'ai essayé depuis les années 2000, je n'étais depuis quelques mois resté actif que sur deux d'entre eux : Twitter et Mastodon.

Pourquoi ces deux-là ? Parce que leurs algorithmes sont relativement clairs et transparents. Je n'utilise Twitter qu'en mode anté-chronologique (mode "Derniers Tweets", par opposition à la page "Accueil"), qui fait apparaître les personnes que j'ai choisi de suivre, soit directement, soit à travers des listes, sans m'imposer trop de "suggestions". Cela me permettait de concilier à la fois sérendipité et maîtrise de mes lectures.

Mastodon repose sur la même base : l'algorithme est « bêtement » anté-chronologique. Ce qui y a vraiment changé ces derniers jours, c'est que je réussis à trouver suffisamment de monde pour que ma liste de lecture soit largement garnie et qu'elle me permet d'atteindre, à travers les découvertes faites via mes contacts, un niveau de sérendipité adéquat pour ne pas avoir l'impression d'uniquement tuer le temps et d'être plus bête à la fin de la séance qu'en début. Twitter ne me manque pas.

Comme d'autres réseaux sociaux, Mastodon était (est) dominé numériquement par des hommes blancs du monde occidental. Jusqu'à peu, je m'étonnais qu'il m'y était plus facile d'y croiser une femme transsexuelle qu'une femme cis… Bref, c'était le réseau des geeks et des marginaux… Les choses ont pas mal évolué depuis : j'ai commencé à trouver des communautés scientifiques où, joie, les femmes sont bien présentes, comme astrodon.social, social.sciences.re, fediscience.org et beaucoup d'autres… puis les femmes ont commencé à être bien présentes dans des communautés plus générales.

Bienvenue donc à tous ceux qui arrivent de l'oiseau bleu… Soyez patients et ne vous étonnez pas si, par moments, les choses ne sont pas aussi fluides que vous le souhaiteriez. Les murs sont encore frais, et vous êtes nombreux.

Arrivé en avril 2017 sur Mastodon, je remarquais le charme des endroits d'internet où l'on arrive en premier. Impossible cependant de ne pas remarquer que les similitudes entre Mastodon et Twitter peuvent faciliter les débuts mais décourager par la suite :

Pour donner aux migrants l'envie de persister, je voudrais donc insister sur quelques différences essentielles…

La décentralisation

Au lieu d’avoir une centralisation à la Twitter où un identifiant comme @BarackObama suffit à désigner une personne, on a sur Mastodon une logique décentralisée comme pour l’e-mail : une personne a une identité du type @nom@serveur, par exemple @barijaona@mastodon.mg.

Cette décentralisation a des avantages techniques :

  • elle permet de répartir la charge d'infrastructure. On a affaire à plusieurs serveurs (on dit plusieurs instances) qui peuvent individuellement être de taille petite ou moyenne, plutôt que d'avoir affaire à une entreprise obligée de construire une infrastructure capable d'affronter potentiellement toute l'humanité ;
  • elle permet de personnaliser et de répartir la charge de modération. En effet, au moment de choisir l'instance à laquelle ils vont s'inscrire, les utilisateurs ont tendance à rejoindre d'autres utilisateurs ayant des centres d'intérêt communs et des attentes et valeurs relativement similaires. Les administrateurs de chaque instance sont alors amenés à adopter des principes de modération qui leur paraissent les mieux adaptés à leurs communautés, dont ils sont souvent proches et dont ils comprennent la langue et les codes culturels.

En cas de conflits persistants, ceux-ci peuvent se résoudre de manière moins dramatique que sur une plate-forme comme Twitter, où le fait d'être contraint de la quitter a comme des allures de mise à mort. Sur Mastodon, si l'on n'est pas satisfait de son voisinage, il est toujours possible d'en changer en migrant vers une autre instance. Des outils de migration sont même intégrés, permettant de continuer à être suivi par ceux qui nous suivaient auparavant et de continuer à suivre ceux que nous suivions. Les conflits généralisés où une instance bloque toute possibilité d'échanges avec une autre instance existent mais sont très rares.

Les limites de la recherche

L'inconvénient de la décentralisation, c'est que ça complique la recherche des personnes que l'on aurait intérêt à suivre, car il n’y a pas d’annuaire centralisé. Toutefois, une fois qu’on a repéré une personne, on peut quand même la suivre même si elle est sur une autre instance. Un peu comme le fait de pouvoir échanger avec quelqu’un ayant une adresse mail en yahoo.fr à partir d’une adresse en gmail.com.

Malgré tout, les moteurs de recherche des serveurs Mastodon sont assez limités. Ils n'offrent même pas de possibilité de faire une recherche textuelle. On ne peut rechercher que des utilisateurs ou des #hashtags. C'est un choix délibéré, à la fois pour des raisons de coût en ressources informatiques et pour rendre difficile le harcèlement.

Surtout, le moteur de recherche d'une instance ne peut retrouver que ce qui a déjà transité dans cette instance :

  • utilisateurs et messages apparaissant dans le flux d'abonnement d'un des membres de l'instance ;
  • utilisateurs et messages ayant été partagés par un des membres de l'instance.

Et bizarrement, une des solutions les plus directes pour faire découvrir à l'instance où vous êtes logé l'existence d'un utilisateur ou d'un message externe est de saisir l'URL de celui-ci dans le moteur de recherche de votre instance… Après qu'elle ait récupéré l'information, votre instance vous permettra de suivre cet utilisateur ou de partager (boost) ce message. Oui, ce n'est pas intuitif du tout, mais c'est une habitude à prendre.

De ces faits découle la recommandation la plus déroutante pour ceux d'entre nous qui ont l'habitude de lire les réseaux sociaux sur un smartphone : si vous débutez sur Mastodon, ne vous précipitez pas pour rechercher une application ! Commencez par votre navigateur Web habituel, et utilisez abondamment la fonction "Ouvrir dans un nouvel onglet".

En fait, votre instance n'affichera généralement qu'une partie limitée d'une conversation démarrée sur une autre instance. De même, il risque de ne lister qu'une partie de l'historique des messages d'un utilisateur logé chez une autre instance. Suivez les liens (ceux sur l'heure d'un message ou ceux en bas d'un profil), afin d'ouvrir un nouvel onglet directement sur l'instance d'origine où vous obtiendrez un contexte nettement plus riche et plus complet.

Si vous trouvez le contenu intéressant, utilisez alors la fonction "Partager" de votre navigateur pour copier l'URL, puis revenez à l'onglet de recherche sur votre propre instance afin d'y coller cette URL et pouvoir vous abonner ou partager à ceux qui vous suivent.

Ne refermez pas trop vite les onglets précédemment ouverts : profitez en pour regarder qui la personne suit, ou pour jeter un coup d'œil sur la partie « Explorer » de l'instance concernée. C'est la meilleure manière de découvrir du contenu et des abonnements qui vous intéresseront.

Oui, les applications dédiées à Mastodon existent, et elles ont leur utilité. Pour ma part, j'utilise Metatext, en parallèle de mon navigateur, et je bascule de l'un à l'autre grâce à l'icône "Partager". Mais ces applications sont encore trop inspirées de celles des plateformes dominantes, destinées à maintenir leurs utilisateurs à l'intérieur d'un jardin clos, pour s'adapter au contexte Mastodon. De plus, leur rythme de développement ne suit pas celui de Mastodon, qui vient de passer en version 4.

(Suite)

[Réagir]

 Qui a nourri le crocodile ?

Extraits de la plaidoirie de Me Richard Malka, un des avocats des parties civiles, lors du procès des attentats de Janvier 2015 à Paris.

Comment en est-on arrivé là ? Qu’est-ce que cette nouvelle guerre qui oppose des dessinateurs avec leurs crayons, des enseignants avec leur tableau, à des fanatiques armés de kalachnikovs ou d’ustensiles de boucherie ? Par quel enchevêtrement d’idées, de discours et d’errements en est-on arrivé à ce que, pour la première fois dans le monde occidental depuis la fin de la guerre, un journal soit décimé, avant de devoir se retrancher dans un bunker à l’adresse secrète ? Qui a nourri le crocodile en espérant être le dernier à être mangé ? Parce que c’est toujours la même chose : quand on est confronté à la peur, certains choisissent de pactiser.

(...)

Le compte à rebours s’est déclenché à Amsterdam le 2 novembre 2004. Theo Van Gogh était un journaliste et un réalisateur pas sympathique. En 2004, il réalise Submission pour dénoncer la soumission des femmes dans l’islam. Le 2 novembre 2004, il est abattu dans une rue d’Amsterdam de huit balles dans le corps par un jeune islamiste de tendance takfiriste [une sous-branche du salafisme]. Ensuite il est égorgé, et on lui plante deux poignards dans le torse. Sur l’un de ces poignards, un petit mot de menaces de mort contre les juifs. C’est la matrice de 2015 et de ses deux obsessions : la liberté d’expression et l’antisémitisme.

A la suite de cet assassinat, un autre écrivain, danois cette fois, Kare Bluitgen, veut écrire un livre sur la vie de Mahomet dans un souci pédagogique à destination de la jeunesse. Il cherche un illustrateur. Tout le monde refuse. La peur a déjà gagné. Alors, le 17 septembre 2005, il écrit dans un journal pour dénoncer l’autocensure dès qu’il s’agit de l’islam. Flemming Rose, rédacteur en chef des pages culture du Jyllands-Posten, un journal de centre droit qui serait l’équivalent chez nous du Figaro, va demander au syndicat des caricaturistes danois comment il représente Mahomet. Le 30 septembre 2005, ces caricatures sont publiées. Pendant deux mois, il ne se passe pas grand-chose.

Cette affaire ne va prendre sa véritable ampleur qu’à raison d’une escroquerie à la religion. Elle a été commise par des imams danois de la mouvance des Frères musulmans, essentiellement des salafistes. En décembre 2005, ces imams partent faire le tour des capitales arabes. pour mobiliser les États musulmans contre ces méchants danois islamophobes. Et pour le prouver, ils constituent un dossier, comprenant les caricatures. Ce dossier, on l’a récupéré.

Le problème, c’est que dans ce dossier, ils ont ajouté trois dessins qui n’y figuraient pas [Me Malka les montre]. Deux d’entre eux viennent d’un site de fous furieux, des suprémacistes blancs américains. Un autre vient de France, il n’a rien à voir avec l’islam, c’est un dessin sur la Fête du cochon à Tulle en Corrèze. Et les imams disent :  Voilà comment on représente l’islam en Occident.  Et alors là évidemment, sur le fondement de cette supercherie, de cette mystification, le monde s’embrase. Et il y a des manifestations, des morts, des drapeaux brûlés. Ils ont allumé le feu et ils nous traitent d’incendiaires ? Alors oui, c’est dur d’être aimé par des cons d’intégristes mais c’est encore plus triste d’être instrumentalisé par des escrocs !

(…)

Alors l’histoire du blasphème en France, je vais vous la raconter.

En 1789, la liberté d’expression est proclamée comme un des droits les plus précieux de l’homme. Deux ans plus tard, on sort le blasphème du code pénal. En 1881, on vote la grande loi sur la liberté de la presse. Les débats font rage à l’Assemblée et c’est frappant de constater à quel point ils se focalisent sur ceux d’aujourd’hui : le dessin et la religion. C’est comme si Charlie Hebdo existait déjà !  Dieu se défendra bien lui-même, il n’a pas besoin pour cela de la Chambre des députés ! , répond Clemenceau à l’évêque d’Angers qui invoque la blessure des catholiques outragés.

(…)

Mais alors comment on fait pour sortir l’islam de cela ? Il faudrait le sortir du pacte républicain ? Il faudrait dire, non, il n’y a qu’une religion qui devrait avoir un traitement de faveur, qu’on ne pourrait pas caricaturer, et ce serait l’islam ? Ce n’est pas possible. Le combat de Charlie Hebdo, c’est aussi un combat pour la banalisation de l’islam. C’est un combat pour qu’on regarde cette religion comme une autre. Qu’on la traite comme une autre. En faire une exception, c’est évidemment le pire service qu’on pourrait lui rendre.

(…)

Toutes les caricatures dont nous avons parlé ici ne sont pas des caricatures de la religion, ce sont des caricatures du fanatisme religieux, de l’irruption de la religion dans le monde politique.

Source : Le Monde.fr, édition du 5 décembre 2020

[Réagir]

 Collectif Pangolins

En cas de danger, le pangolin rabat sa tête entre ses pattes antérieures et s'enroule sur lui-même. Il tente de blesser l'assaillant en hérissant ses écailles. En captivité, son espérance de vie ne dépasse guère quelques mois, et ce pour des raisons liées à son alimentation, à sa santé et à son comportement.

Nous ne le savions pas, mais nous sommes tous semblables à des pangolins. Sans guère plus de moyens de défense qu'il y a quelques semaines, nous voici contraints de nous extraire d'une captivité involontaire sous peine d'en mourir. Défi et opportunité, aussi bien collectives qu'individuelles.

Pour nourrir l'âme, sept exemples de réinvention ci-après :

Parce que le confinement est moins pénible à vivre sous nos cieux : Ny lanitra mangamanga par le Choeur Picpus'inging.

Pour l'authenticité : La tendresse.

Pour les petites touches d'humour anglais : Times Like These produit par la BBC.

Parce qu'à la française, l'humour, ça donne une reprise de « Michel Fils de Jacques » : Soigne le monde joué par Les Franglaises.

Pour le petit surplus d'énergie que ça me donne : Higher Love par Keith Urban.

Parce que c'était à mes yeux la bonne surprise du concert Together At Home organisé par Global Citizen pour l'OMS : Billie Eilish et son frère Finneas interprètent Sunny.

Parce qu'au fond, le le collectif Playing For Change a été l'inventeur du concept il y a déjà 15 ans : Soul Rebel avec Bunny Wailer et Manu Chao.

[Réagir]

 Léon

Léon Rajaobelina, c'était un peu mon père en écologie. Mieux que quiconque, il m'avait fait comprendre les liens entre la nature et le développement humain, et il m'avait éclairé sur le pourquoi et le comment de la politique à long terme de protection de l'environnement à Madagascar.

Politique ambitieuse qu'il défendait avec conviction, sans ignorer les difficultés dans sa mise en œuvre.

Inspirateur et fondateur de la Fondation pour les Aires Protégées et la Biodiversité de Madagascar, il lui a donné non seulement une direction, mais aussi une âme et une éthique. Il a apporté à la FAPBM son immense expérience de financier, de diplomate, de passionné de la nature et de grand commis de l'État. Sans même parler de son immense carnet d'adresses, sans lesquels la Fondation ne serait certainement pas ce qu'elle est aujourd'hui.

Rigoureux, il n'en était pas moins bienveillant. Exigeant, il n'en était pas moins souriant. Plein d'expérience, il n'en était pas moins discret.

J'aime beaucoup cette photo prise en juin 2015, à la fin de la soirée de célébration des dix ans de la FAPBM. Elle me rappelle que les personnalités doivent avoir la grandeur de s'effacer derrière les institutions qu'elles ont l'honneur de servir, mais aussi que la présence de fortes personnalités n'est pas indifférente au succès des institutions.

Trois présidents de la FAPBM

Léon m'avait fait part de sa maladie il y a quelques semaines. Le choc de son décès n'en reste pas moins immense.

Qu'il repose en paix, et que sa famille puisse trouver le réconfort.

[Réagir]

 Panthéon

L'histoire de cette femme est étonnante et incroyablement riche en leçons.

En ce qui me concerne, j'avais été particulièrement frappé par la découverte relativement tardive du fait qu'elle était une survivante de la Shoah. J'admirais (et j'admire toujours) le fait que malgré ces terribles épreuves, le ressentiment ou la haine n'ont eu aucune prise sur elle.

Ce douloureux épisode de sa vie a semble-t-il été à l'origine de ses convictions pro-européennes. «Si je m'engage aussi pleinement sur la question de l'Europe, c'est pour tirer la leçon de mon passé», disait-elle dans un discours du 5 juin 1979. «Le fait d'avoir fait l'Europe m'a réconciliée avec le XXe siècle», assurait-elle encore.

Depuis 48 heures, les appels à ce que Simone Veil entre au Panthéon se multiplient. N'étant pas Français, j'évite de me prononcer dessus.

Le 10 janvier 2007, elle y prononçait toutefois un discours remarquable, qui la fait entrer encore plus dans mon Panthéon personnel.

[Réagir]

 Disposer d'une clé USB de secours pour flasher le BIOS

L'une des choses qui parait les plus effrayantes lorsqu'on commence à travailler de très près un matériel PC est le flashage du BIOS. C'est ce que je me suis aventuré à faire si vous avez lu les épisodes précédents.

Cela n'est largement plus un problème avec les cartes Gigabyte qui disposent d'un double BIOS. Si pour une raison ou une autre, quelque chose a été loupé et la machine n'arrive pas à démarrer correctement, elle bascule automatiquement sur le BIOS de sauvegarde (celui qui a été précédemment flashé et qui a réussi à démarrer).

Néanmoins, je n'ai pas abordé mes tests avec les BIOS F20 ou plus récents sans quelque appréhension. Selon le site internet de Gigabyte, il ne serait pas possible de revenir vers des versions antérieures à la F20 une fois celle-ci installée.

Sauf qu'il y a quand même une solution pour le faire, et cela passe par une clé USB de secours pour démarrer sous MS-DOS ou assimilé afin de sauvegarder le BIOS actuel et éventuellement le (re)flasher. Ceci est mon aide-mémoire sur la façon de créer une telle clé sous FreeDOS.

1. Télécharger et décompresser une image disque directement exécutable de FreeDOS. J'ai trouvé la mienne ici, et elle s'appelle fdos11.img.

2. Formater avec "Utilitaire de disque" une clé USB ayant au moins un gigaoctet de capacité, au format "MS-DOS (FAT)", schéma "Enregistrement de démarrage principal (MBR)"1.

3. Transférer l'image disque sur la clé USB. On pourra utiliser un utilitaire comme Etcher ou plus traditionnellement en repérant le point de montage de la clé USB et en utilisant la commande dd selon la séquence suivante.

$ diskutil list
/dev/disk0 (internal, physical):
   #:                       TYPE NAME                    SIZE       IDENTIFIER
   0:      GUID_partition_scheme                        *500.1 GB   disk0
   1:                        EFI EFI                     209.7 MB   disk0s1
   2:                  Apple_HFS Macintosh HD            499.2 GB   disk0s2
   3:                 Apple_Boot Recovery HD             650.0 MB   disk0s3

/dev/disk1 (internal, physical):
   #:                       TYPE NAME                    SIZE       IDENTIFIER
   0:      GUID_partition_scheme                        *3.0 TB     disk1
   1:                        EFI EFI                     209.7 MB   disk1s1
   2:                  Apple_HFS SNAPSHOT                511.3 GB   disk1s2
   3:                  Apple_HFS BACKUP                  2.0 TB     disk1s3
   4:                  Apple_HFS ARCHIVES_LT             488.7 GB   disk1s4

/dev/disk2 (external, physical):
   #:                       TYPE NAME                    SIZE       IDENTIFIER
   0:     FDisk_partition_scheme                        *2.1 GB     disk2
   1:                 DOS_FAT_32 USB-STICK               2.1 GB     disk2s1

$ diskutil unmountDisk /dev/disk2
Unmount of all volumes on disk2 was successful
$ sudo dd bs=1m if=/chemin/du/fichier/fdos11.img of=/dev/disk2

4. Recopier le contenu de cette archive à la base de la clé2.

5. Redémarrer et entrer dans le BIOS. Si ce n'est déjà fait, sauvegardez votre profil actuel ("Save & Exit", "Save Profiles").

6. Réamorcez à partir de la clé ("Save & Exit", "Boot Override", "General UDisk 5.00").

7. Les plus anciens savoureront un petit moment de nostalgie en redécouvrant les écrans du DOS… Lisez les instructions à l'écran et tapez : fpt -d bios.sav pour sauvegarder sur la clé USB votre BIOS actuel et l'ensemble de sa configuration.

8. Une fois l'opération de sauvegarde terminée avec succès, il ne reste plus qu'à redémarrer avec un reboot ou la bonne vieille combinaison de touches Control-Alt-Del…

Nous disposons maintenant d'une bonne solution de secours. Si vous voulez retrouver votre BIOS "antique", il vous suffira de refaire l'étape 6 et suivre les instructions à l'écran…

L'espace disque nécessité par FreeDOS étant ridicule par rapport à la capacité des clés USB actuelles, je me dois de citer une méthode alternative. Formatter la clé comme précédemment, utiliser UNetbootin pour rendre la clé amorçable et y installer un LiveCD qui pourrait vous être utile3. Ensuite, recopier sur la clé successivement les contenus de l'image disque fdos11.img et de la petite archive déjà cités précédemment. Par la suite, rechercher où se trouve le fichier syslinux.cfg et rajouter au bon endroit une entrée de ce genre :

LABEL FreeDos
  # MENU DEFAULT
  # MENU HIDE
  MENU LABEL Load FreeDOS 1.1 (8086+, FAT32)
  # MENU PASSWD
  TEXT HELP
  Load FreeDOS now
  ENDTEXT
  com32 /fdos/bin/chain.c32
  append freedos=/fdos/bin/kernel.sys

Le reste sans grand changement pour les étapes 6 à 8, sauf que le secteur d'amorçage devrait s'appeler "Generic USB driver" ou quelque chose d'approchant.


  1. Il faut parfois s'y prendre à plusieurs fois pour y arriver. ↩

  2. Certains fichiers de cette archive ont été récupérés de l'adresse http://www.mediafire.com/file/p66jhts7cfi26y8/fpt_DOS-Z170.zip ↩

  3. Pour ma part, j'ai installé GParted. ↩

[Réagir]