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lundi 06 octobre 2025

 Une crise de plus

Madagascar vit1 "une crise" de plus. Je renonce à compter celles que j'ai connues, hésitant notamment à décider si les événements de 2018 ou de 2023 sont à recenser comme telles.

La tentation d'être blasé pourrait être grande. À chaque fois, l'on est tenté de se dire : Tsy mbola nisy hoatran'ity (on n'a jamais rien vu de tel). Pour constater néanmoins que c'est fondamentalement la même chose. La crise de 2025 a des airs de déjà vu, car ses causes présentent beaucoup de similarité avec celles précédentes : des problèmes structurels qu'il faut absolument régler et qui ne peuvent plus l'être qu'en secouant le cocotier.

Mais si je suis tenté de m'exclamer quand même Tsy mbola nisy hoatran'ity, c'est parce que la situation paraît particulièrement grave et compliquée. D'un naturel combatif et optimiste (ce n'est pas pour rien que j'avais décidé de rentrer au pays en plein milieu des années 1980), je me rends néanmoins compte que si l'on veut que le pays ne s'en sorte pas trop mal cette fois-ci, il va falloir être vraiment combatif et créatif. Et qui plus est persistant, car ras le bol de devoir à chaque fois recommencer.

Il peut paraître cynique d'écrire que les crises sont des opportunités. Cela n'en est pas moins vrai : les crises sont un rappel à la réalité et peuvent être l'occasion de repartir plus sainement et même plus vigoureusement. En espérant que cette fois-ci, la tendance naturelle à l'amnésie et au laisser faire ne rattrape pas les Malgaches une fois de plus (et une fois de trop).

Même si je me soigne, mon caractère intrinsèque est celui d'un ours asocial. Cela a ses inconvénients et ses avantages. Sur ce dernier point, la distanciation sociale m'a souvent aidé à être libre du "qu'en dira-t-on" et des "amitiés" pas très sincères qu'on peut facilement contracter dans le cercle étroit des gens qui ont la chance d'être un peu privilégiés à Madagascar. Surtout (et assez paradoxalement), cette distanciation sociale peut épisodiquement aider à mieux distinguer les personnalités des individus et la nature des rapports sociaux.

Dans le contexte d'une crise, j'en arrive à une classification qui vaut ce qu'elle vaut, mais qui m'est cependant utile :

  1. les faux derches qui, sur le fond et malgré quelques belles déclarations généreuses, n'ont jamais pensé qu'à leurs intérêts personnels ;
  2. ceux qui ont été embarqués sans s'en rendre compte du mauvais côté de l'histoire et n'ont pas les moyens d'en sortir ;
  3. ceux qui ont été embarqués sans s'en rendre compte du mauvais côté de l'histoire et qui, même s'ils ne s'en rendent pas vraiment compte, ont encore la possibilité d'en sortir ;
  4. ceux qui ont le luxe immense de pouvoir dire ce qu'ils pensent, mais n'ont pas le courage de le faire ;
  5. ceux qui ont le luxe immense de pouvoir dire ce qu'ils pensent, et entendent user de cette liberté ;
  6. ceux qui ne sont pas vraiment en mesure de s'exprimer bruyamment mais n'en pensent pas moins (la fameuse "majorité silencieuse").

Aujourd'hui pourrait bien être un jour critique (c'est vrai aussi qu'on dit ça à maintes reprises pendant une crise malgache…). Persuadé de comprendre et partager ce que pense la catégorie 6, appartenant à la catégorie 5, j'espère que ma prise de parole pourra au moins faire réfléchir quelques uns des catégories 3 et 4.

Le courage n'est pas l'absence de peur, mais la capacité d'affronter ce qui fait peur.

PS : J'ai pour règle de ne pas me cacher et d'assumer publiquement mes opinions. Mais si vous voulez des discussions plus discrètes, les adresses mail en barijaona.com et reniala.net s'appuient sur Proton Mail et je suis présent sur Signal avec mon numéro de téléphone Orange et mon nom.

PS : Petite clarification : parce que je suis un ours asocial qui tente de se soigner, mes idées se trouvent essentiellement ici et sur mon compte Mastodon.

Je me rends compte que même dans des circonstances extrêmes comme celles-ci, il est inutile et pas très sain pour ma santé d'essayer de m'exprimer sur les réseaux mainstream (mes comptes n'y servent qu'à de la lecture très ponctuelle) :

  • trop de comptes fake et fako avec des algorithmes favorisant la création de bulles conspirationnistes,
  • le ton trop commercial (certains vendent des marchandises, d'autres leurs gueules, si ce n'est leur c…), alors que je n'ai rien à vendre, juste un petit peu à partager,
  • c'est bien plus cool là où j'ai pris mes habitudes.

  1. J'allais écrire "subit", mais je me rends compte que le mot peut paraître péjoratif. ↩

Dernière mise à jour :
6/10/2025 12:39

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