Étonnements rapides et durables

Ahanements d'octets austraux

 Vers une sortie de crise plus consensuelle ?

Nouveau développement qui me semble important pour l'avenir : lors d'une conférence de presse tenue au camp du CAPSAT, le colonel Michaël Randrianirina a déclaré que les militaires étaient prêts à se conformer à une décision de la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) en date du 14 octobre 2025.

Le colonel Randrianirina a déclaré que les militaires, alors qu'ils étaient sur la place du 13 mai, avaient pris leur décision parce que le pays était au bord du gouffre et que "personne ne prenait ses responsabilités". D'où leur déclaration de prise de pouvoir.

C'est après l'action des militaires que la décision de la HCC était "sortie". À partir du moment où la HCC a "sorti" son texte, les militaires étant sous l'égide des lois, ils entendent se conformer aux lois.

Même si la décision de la HCC ne va pas dans le sens de ce qu'ils avaient l'intention de faire ou de "tout ce que les Gen Z souhaitent", c'est dit-il actuellement la loi en vigueur et c'est ce "que nous devons tous suivre".

Au moment où j'écris ce billet, la décision de la HCC n'est plus directement accessible depuis la racine du site web de l'institution, mais j'ai pu retrouver le lien grâce à mes notes : http://www.hcc.gov.mg/?p=9647.

Dans ses attendus, la HCC constate qu'il n'y a plus ni Président de la République, ni Président du Sénat, ni gouvernement collégial en mesure de remplir les rôles prévus par la Constitution concernant les fonctions de Chef de l'État.

La HCC considère que la vacuité au sommet de l’Etat, portant atteinte aux exigences constitutionnelles concernant les missions du Président de la République, ne peut perdurer. Il y a donc obligation pour l’autorité qui pourrait faire face à cette situation avec efficacité et effectivité, d’exercer les fonctions de Président de la République.

La HCC considère alors que cette autorité ne saurait être que militaire (sic), incarnée par le colonel Randrianirina Michaël. Et qu’il revient donc à celui-ci la charge de, sous le contrôle de la HCC, prendre toutes les mesures rendues strictement nécessaires et inextricables par les circonstances et ce, dans des champs d’application et délai très limités.

Invitation est ainsi faite par la HCC à l’autorité compétente spécifiée plus haut (le colonel Michaël) pour organiser les élections d’un nouveau Président de la République dans les 60 jours.

(A mon humble avis personnel, la HCC est parfaitement consciente que ce délai est intenable, d'où le mot "invitation").

La HCC considère ensuite que les dispositions constitutionnelles interdisent à l’autorité qui supplée le Président de la République (le colonel Michaël donc), de dissoudre les institutions et organes prévus par la Constitution.

Le coeur de la décision de la HCC :

Article premier. –Est constatée la vacance des postes de Président de la République et de Président du Sénat.

Article 2.- Est constatée l’impossibilité par le Gouvernement en place de remplir les fonctions de Président de la République.

Article 3.- Invite l’autorité militaire compétente incarnée par le Colonel RANDRIANIRINA Michaël, à exercer les fonctions de Chef de l’Etat.

Article 4.- Les institutions et organes constitutionnels en place continuent d’exercer leurs pouvoirs habituels.

Le texte original de la décision de la HCC. Archive PDF ici.

La vidéo de la conférence de presse du colonel Michaël Randrianirina (le passage que j'ai repris supra est aux repères temporels 4:22 à 5:14).

#Madagascar #GenZ #GenZMadagascar #GenZoky

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samedi 11 octobre 2025

 Puisqu'on parle de l'armée et des scénarios à la Confédération des États du Sahel…

Merci à @Jogany, complice de longue date que j'ai un peu de mal à désigner sous son vrai nom de Joan Razafimaharo, de m'autoriser à reproduire un texte qui risquerait sinon de disparaître dans les mystères des algorithmes de Facebook.

« Pas une seule journée sans explosion de gaz lacrymogène dans mon quartier. Nous sommes maintenant en 2025 mais un demi-siècle plus tôt, un autre jeune observait ici même, dans les rues d’Antananarivo, la naissance d’un espoir collectif.

Aujourd’hui, encore moins de Malgaches savent que Thomas Sankara a arpenté ces rues au cœur de l’année incandescente de 1972. Pourtant, les archives militaires et les témoignages de ses compagnons d’armes confirment l’influence de cette expérience. Ce séjour fut une transmission par imprégnation : celle d’une conscience collective forgée au contact d’un peuple en révolte contre l’injustice, mais soucieux de sa cohésion nationale. »

Je n’ai pas appris à Madagascar comment faire une révolution, mais j’y ai appris pourquoi il faut la faire.
— (propos attribués à Sankara par ses compagnons de promotion, recueil oral, 1987)

« L’année 1972 marque à Madagascar l’un des tournants les plus décisifs de son histoire contemporaine. Le régime du président Philbert Tsiranana, issu de la Première République, vacille sous la pression d’un mouvement social d’une ampleur inédite : étudiants, lycéens, ouvriers et fonctionnaires dénoncent la dépendance persistante envers la France, les inégalités territoriales et la crise de légitimité d’un pouvoir jugé néocolonial.

C’est précisément dans ce contexte de désobéissance civique et de recomposition militaire que Sankara, alors âgé de 22 ans, suit sa formation à l’Académie militaire d’Antsirabe, l’une des institutions régionales francophones où étaient envoyés les jeunes officiers africains dans le cadre de la coopération militaire. »

« Les biographes de Sankara (notamment Ernest Harsch, Thomas Sankara: An African Revolutionary, 2014 ; Bruno Jaffré, Thomas Sankara, l’espoir assassiné, 1997) s’accordent à dire que ce séjour malgache fut déterminant dans sa maturation intellectuelle. Sankara y découvre un pays qui, malgré ses liens persistants avec l’ancienne puissance coloniale, connaît une effervescence idéologique rare : lectures marxistes, débats sur le non-alignement, réflexions sur la réforme de l’éducation et la fonction de l’armée.

À Antsirabe, les jeunes officiers malgaches et étrangers assistent de près à la contestation. Ils voient une jeunesse instruite réclamer une seconde indépendance. Sankara fréquente des étudiants de l’Université d’Antananarivo, participe à des discussions politiques et lit abondamment Frantz Fanon, Lénine et Mao Zedong, dont les brochures circulaient clandestinement. Cette immersion dans une société en mouvement lui révèle la portée concrète de la lutte anticoloniale : ce n’est pas un combat théorique, mais un enjeu de gouvernance, de justice et de souveraineté. »

« Ce passage à Madagascar est souvent présenté comme le moment où Sankara passe de l’observation à la conviction. Il comprend que l’armée africaine, héritée du modèle colonial, ne peut être neutre : elle doit se redéfinir comme force populaire et non comme instrument d’oppression.

Selon des témoignages recueillis par Bruno Jaffré et confirmés dans des entretiens croisés avec d’anciens élèves officiers, son séjour dans le Sud aurait profondément marqué Sankara. Il aurait confié à ses camarades : Ce peuple n’a rien, mais il partage tout. Voilà ce qu’on appelle dignité.

Le Grand Sud devient pour lui une leçon d’économie politique. Au début des années 1970, la région subissait déjà l’un de ses cycles de kéré, ces famines périodiques liées à la sécheresse et à la dégradation des sols. Les rapports de la FAO et du PNUD (1971–1973) signalent des taux de malnutrition dépassant 40 % et une perte massive de cheptel. Sankara observe alors un territoire qui reste pauvre non par manque de ressources, mais par absence de justice distributive et d’investissement structurel. »

« Ce qu’il retiendra de Madagascar, c’est que la décolonisation ne se limite pas à chasser l’ancien maître, mais à changer le rapport entre gouvernants et gouvernés. Son projet de Révolution démocratique et populaire au Burkina Faso, en 1983, en portera la trace : promotion du malgache comme du mooré dans les espaces publics, alphabétisation de masse, mobilisation féminine, et rejet de la dépendance économique.

Dans une Afrique où les jeunes générations cherchent encore à concilier souveraineté, justice et participation, ce passage par Madagascar résonne comme une métaphore : avant de devenir une voix continentale, Sankara fut le témoin attentif d’une révolution insulaire — celle d’un peuple qui, malgré la pauvreté et la fragmentation, refusait de se taire. »

« Je saisis complètement les enjeux des politiciens dans leur course contre la montre pour respecter, coûte que coûte, l’agenda dans lequel ils se sont engagés. Mais la militarisation de leur réponse face aux mécontentements ne fera qu’exacerber une population déjà aux abois.

La lutte pour la justice sociale est une cause belle et nécessaire. Elle réveille les plus hautes vocations et doit nourrir chaque décision publique, chaque usage de nos ressources communes. Les élus ont contracté un devoir de redevabilité, et les corps armés ont prêté serment de protéger.

Le peuple, dans sa jeunesse, a une nouvelle fois grondé.

Maintenant, écoutez-les. »

« Thomas Sankara, l'homme qui allait changer l'Afrique ». À écouter sur Radio France.

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 L'envol d'une dictature militaire (?)

Copié-collé d'une réflexion lue sur un groupe de messagerie privée, à la suite des déclarations de militaires du camp CAPSAT.

CAPSAT, 11 octobre. L'histoire recommence. Le scénario le plus probable, le directoire militaire est en train de se réaliser sous nos yeux. Des militaires rassemblés autour d'une table appelle ouvertement à la sédition. Ils appellent tous les militaires à quitter immédiatement leurs postes et à rejoindre la Compagnie Administrative et de Service des Armées et du Trésor (CAPSAT). En sachant qu'il s'agit du cœur de l'administration militaire malgache et le point de départ du soulèvement militaire de 2009, la suite du scénario est évidente. Pourtant l'enthousiasme n'est pas de mise.

Si les militaires s’emparent du pouvoir sans s’appuyer sur un civil, que va-t-il se passer ? Le contexte africain en donne la clé. Au Mali, au Burkina Faso, en Guinée, au Soudan, à chaque fois, le scénario est le même. Des officiers renversent un régime au nom du peuple, promettent une transition courte, puis confisquent le pouvoir pour ériger une dictature sans précédent.

Ne vous y trompez pas. Malgré la propagande des pays de l’AES, soutenus par la machine politique et médiatique russe, malgré les indicateurs économiques brandis comme trophées, la réalité est bien plus sombre avec le muselage systématique des médias, les arrestations arbitraires ainsi que la répression de toute voix dissidente. En définitif, ce sont des États militarisés jusqu’à l’os, où la peur a remplacé la parole.

C’est cette ombre qui plane aujourd’hui sur Madagascar. Une ombre lourde, patiente, prête à engloutir les dernières braises d’une jeunesse qui croyait encore au changement.

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 Sortie(s) de crise(s)

Rappel: Les opinions traduites dans ces pages sont strictement personnelles et n'engagent que leur auteur.

Suite au commentaire de dot.mg par rapport au billet précédent, je m'amuse d'une certaine confusion entre les notions de ruse et d'expérience.

Bien entendu, en prenant la décision finale d'aller à Iavoloha, j'étais (nous étions) conscient(s) que malgré les promesses reçues verbalement, il y aurait une tentative de récupération politicienne. Ayant déjà eu à aller à Iavoloha dans le passé (et dans un contexte différent), je savais également que le cadre était assez antinomique avec une vraie discussion.

Je comprends donc parfaitement les organisations qui ont choisi de ne pas y aller. Mais même si c'était infiniment plus risqué, il est paru plus cohérent de passer d'abord par la voie difficile.

WE DO THIS NOT BECAUSE IT IS EASY, BUT BECAUSE WE THOUGHT IT WOULD BE EASY  vs. 
"'We do these things not because they are easy, but because they are hard.' -John F. Kennedy"

Pourquoi ? Parmi les expériences qui ont influencé ce positionnement périlleux, il y a eu celle ci-après.

Le précédent autoroute

Indri a été relativement en pointe dans l'opposition à la manière dont le projet d'autoroute Antananarivo - Toamasina a été mené. Nous nous sommes mobilisés parce que nous avions constaté sur le "Colisée" (construit mais toujours pas exploité) et sur le téléphérique (guère mieux) que les choses qui paraissent les plus délirantes et les plus improbables aux esprits rationnels peuvent néanmoins arriver à Madagascar lorsque le sésame "projet présidentiel" était prononcé.

Il fallait au moins tenter de limiter les dégâts sur ce projet d'autoroute. La communauté environnementale s'est mobilisée, mais sans grand retour des autorités. Ceux qui au niveau des communautés de terrain protestaient ont été menacés. Comme pour aujourd'hui au niveau de la GEN Z, certaines personnes se sentaient tellement en risque qu'elles ne rentraient plus chez elles et changeaient de lieu chaque nuit.

Il n'y a eu un début de prise en considération des protestations par les autorités que lorsque le tam-tam au niveau international a commencé à porter ses fruits, mais jusqu'ici nous avons encore énormément de mal à trouver le bon interlocuteur.

Bien que tout le monde savait pertinemment qu'il s'agissait d'un projet présidentiel, le pouvoir politique s'est toujours réfugié derrière quelques techniciens qui n'étaient autorisés à lâcher que quelques bribes d'information. Les rares fois où des ministres étaient présents, ils étaient en mode "paroles d'apaisement" sans grand chose de bien concret à présenter.

Bien entendu, les organisations de la société civile n'ont jamais pu rencontrer le décideur final : le Président.

Porter ne serait-ce qu'un peu de contradiction

Pour une fois que celui-ci se sentait obligé d'écouter la société civile (ou au moins de faire semblant), il m'est apparu illogique de sembler se dérober et prétendre que j'avais piscine 😉. Mais il fallait être prêt à être dans le rapport de force.

Comme évoqué auparavant, je savais déjà que le cadre et le contexte seraient assez antinomiques avec une vraie discussion. Que ce soit avant ou pendant la crise, c’est toujours un peu le même format : le Président commence par un long monologue pour justifier sa politique, et garde ensuite la maîtrise du « débat » et de la distribution de temps de parole. Ses collaborateurs quant à eux n’en placent pas une. On est à Madagascar dans toute sa dramatique verticalité…

Dans ces conditions, comme le temps est compté, lorsque tu as la possibilité de prendre la parole, tu dois aller à l’essentiel de ce que tu souhaitais dire. Comme il y a beaucoup de monde, ce sera très difficile par la suite de re-obtenir la parole, encore plus si celle-ci risque de déranger…

Parfaitement conscient qu'il y avait présentes ce samedi là beaucoup d'organisations qui ne seraient que dans le Béni-oui-oui, je me suis préparé à lever le bras en premier dès que le Président demanderait si quelqu'un souhaitait prendre la parole. Pour avoir ne serait-ce qu'une petite chance de se faire entendre, il fallait profiter de l'habituel moment d'hésitation qui arrive à ce moment là, du fait que la majorité des personnes hésitent à prendre la parole en premier…

Comme cela était prévisible, les médias publics ont largement tronqué les propos dérangeants. Comme cela était déjà prévu, nous avons pris les devants en publiant les nôtres. Afin de prendre date.

Le Président n’a pas répondu sur les violences policières (pas plus qu'à Maître Maria Raharinarinivonirina de l'ACAT Madagascar). Il a répondu à côté sur la corruption et est reparti sur les discours d’auto-justification et les belles promesses qui risquent fort de rester sans lendemains, remplacées un jour par d’autres.

Et maintenant ?

Aucun scoop donc pendant la « rencontre », ni d'ailleurs depuis, mais au moins, vita ny ala-nenina.

On sait qu'à Madagascar ou ailleurs, il faut un rapport de force pour avancer. Encore faut-il que la discussion soit posée sur de bonne bases et que le rapport de force soit sain.

Je suis convaincu qu'en de telles circonstances, la désobéissance civile pacifique est le seul véritable levier à la disposition d'une population désarmée.

Elle permet à l'ensemble de la population de continuer à participer au mouvement. Selon certains chercheurs, la participation pacifique mais désobéissante de "seulement" 3,5% de la population serait suffisante à faire tomber tout gouvernement.

Voyons voir cela.

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 Une crise de plus

Madagascar vit1 "une crise" de plus. Je renonce à compter celles que j'ai connues, hésitant notamment à décider si les événements de 2018 ou de 2023 sont à recenser comme telles.

La tentation d'être blasé pourrait être grande. À chaque fois, l'on est tenté de se dire : Tsy mbola nisy hoatran'ity (on n'a jamais rien vu de tel). Pour constater néanmoins que c'est fondamentalement la même chose. La crise de 2025 a des airs de déjà vu, car ses causes présentent beaucoup de similarité avec celles précédentes : des problèmes structurels qu'il faut absolument régler et qui ne peuvent plus l'être qu'en secouant le cocotier.

Mais si je suis tenté de m'exclamer quand même Tsy mbola nisy hoatran'ity, c'est parce que la situation paraît particulièrement grave et compliquée. D'un naturel combatif et optimiste (ce n'est pas pour rien que j'avais décidé de rentrer au pays en plein milieu des années 1980), je me rends néanmoins compte que si l'on veut que le pays ne s'en sorte pas trop mal cette fois-ci, il va falloir être vraiment combatif et créatif. Et qui plus est persistant, car ras le bol de devoir à chaque fois recommencer.

Il peut paraître cynique d'écrire que les crises sont des opportunités. Cela n'en est pas moins vrai : les crises sont un rappel à la réalité et peuvent être l'occasion de repartir plus sainement et même plus vigoureusement. En espérant que cette fois-ci, la tendance naturelle à l'amnésie et au laisser faire ne rattrape pas les Malgaches une fois de plus (et une fois de trop).

Même si je me soigne, mon caractère intrinsèque est celui d'un ours asocial. Cela a ses inconvénients et ses avantages. Sur ce dernier point, la distanciation sociale m'a souvent aidé à être libre du "qu'en dira-t-on" et des "amitiés" pas très sincères qu'on peut facilement contracter dans le cercle étroit des gens qui ont la chance d'être un peu privilégiés à Madagascar. Surtout (et assez paradoxalement), cette distanciation sociale peut épisodiquement aider à mieux distinguer les personnalités des individus et la nature des rapports sociaux.

Dans le contexte d'une crise, j'en arrive à une classification qui vaut ce qu'elle vaut, mais qui m'est cependant utile :

  1. les faux derches qui, sur le fond et malgré quelques belles déclarations généreuses, n'ont jamais pensé qu'à leurs intérêts personnels ;
  2. ceux qui ont été embarqués sans s'en rendre compte du mauvais côté de l'histoire et n'ont pas les moyens d'en sortir ;
  3. ceux qui ont été embarqués sans s'en rendre compte du mauvais côté de l'histoire et qui, même s'ils ne s'en rendent pas vraiment compte, ont encore la possibilité d'en sortir ;
  4. ceux qui ont le luxe immense de pouvoir dire ce qu'ils pensent, mais n'ont pas le courage de le faire ;
  5. ceux qui ont le luxe immense de pouvoir dire ce qu'ils pensent, et entendent user de cette liberté ;
  6. ceux qui ne sont pas vraiment en mesure de s'exprimer bruyamment mais n'en pensent pas moins (la fameuse "majorité silencieuse").

Aujourd'hui pourrait bien être un jour critique (c'est vrai aussi qu'on dit ça à maintes reprises pendant une crise malgache…). Persuadé de comprendre et partager ce que pense la catégorie 6, appartenant à la catégorie 5, j'espère que ma prise de parole pourra au moins faire réfléchir quelques uns des catégories 3 et 4.

Le courage n'est pas l'absence de peur, mais la capacité d'affronter ce qui fait peur.

PS : J'ai pour règle de ne pas me cacher et d'assumer publiquement mes opinions. Mais si vous voulez des discussions plus discrètes, les adresses mail en barijaona.com et reniala.net s'appuient sur Proton Mail et je suis présent sur Signal avec mon numéro de téléphone Orange et mon nom.

PS : Petite clarification : parce que je suis un ours asocial qui tente de se soigner, mes idées se trouvent essentiellement ici et sur mon compte Mastodon.

Je me rends compte que même dans des circonstances extrêmes comme celles-ci, il est inutile et pas très sain pour ma santé d'essayer de m'exprimer sur les réseaux mainstream (mes comptes n'y servent qu'à de la lecture très ponctuelle) :

  • trop de comptes fake et fako avec des algorithmes favorisant la création de bulles conspirationnistes,
  • le ton trop commercial (certains vendent des marchandises, d'autres leurs gueules, si ce n'est leur c…), alors que je n'ai rien à vendre, juste un petit peu à partager,
  • c'est bien plus cool là où j'ai pris mes habitudes.

  1. J'allais écrire "subit", mais je me rends compte que le mot peut paraître péjoratif. ↩

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 Rechercher sur votre instance Mastodon

Je reprends et prolonge ici le toot que j'ai publié et qui jusqu'à ce jour a engendré le plus de réactions…

Oui, il est indéniable que l'utilisation du Fediverse demeure un peu plus "technique" qu'adhérer à une plate-forme de réseau social centralisatrice. Mais les développeurs de Mastodon font un travail de fond patient et sérieux et, petit à petit, l'oiseau fait son nid. Ainsi, s'il fut une époque où il était très difficile de retrouver un post sur Mastodon, les choses se sont quand même améliorées avec les versions récentes1. L'on est désormais moins confronté à la phrase maudite : "J'avais remarqué cela quelque part sur Mastodon et je l'avais même boosté, mais où diable se trouve ce message ?".

L'ajout de l'argument de recherche from:me permet de rechercher parmi vos propres messages.

L'ajout de l'argument de recherche in:library permet de rechercher parmi les messages que vous avez mis en favoris ou inclus dans vos marque-pages.

La recherche fonctionne pour les messages qui sont publics et qui proviennent d'un compte qui a configuré ses messages pour qu'ils puissent faire l'objet d'une recherche. Par défaut, les messages ne peuvent pas faire l'objet d'une recherche : il faut que les utilisateurs aient consenti à ce que leur profil puisse faire l'objet de recherche2. Vous pouvez toutefois toujours rechercher parmi vos propres messages, ainsi que parmi les messages avec lesquels vous avez interagi, par exemple en les mettant en favoris.

Utilisateur

  • from:me affiche vos messages, comme indiqué précédemment.
  • from:nom d'utilisateur affiche les messages de la personne ayant ce nom d'utilisateur. Pour les utilisateurs d'autres instances, vous devez utiliser le nom d'utilisateur complet. Par exemple : from:lisamelton@mastodon.social

Nature de l'index

  • in:library : comme indiqué précédemment, ce paramètre recherche dans vos propres messages, vos favoris et marque-pages, ainsi que les messages qui vous mentionnent.
  • in:public : affiche les messages publics qui sont connus de votre instance et qui peuvent faire l'objet de recherche.
  • in:all : combine les deux options précédentes. C'est l'option par défaut, vous n'avez pas besoin de l'utiliser explicitement.

Exclusions

Vous pouvez exclure un terme de recherche par -motClé. Ceci fonctionne également pour n'importe lequel des autres opérateurs comme -is:reply. Il y a aussi +, mais comme le comportement par défaut est de combiner les opérateurs, vous n'en avez pas besoin.

Heure

  • before:2024-04-25 affiche les messages qui ont été postés avant le 25 avril 2024 00:00.
  • after:2024-04-25 montre les messages qui ont été postés à partir du 26 avril 2024 00:00.
  • during:2024-04-25 montre les messages qui ont été postés le 25 avril 2024. C'est la forme courte pour after:2024-04-25 before:2024-04-26.

Ces trois opérateurs utilisent votre fuseau horaire local et non l'heure universelle.

Langue

language:en recherche les messages en anglais. language:fr recherche les messages en français. Vous pouvez utiliser tous les codes de langue ISO-639-1 (à deux lettres) et quelques codes ISO-639-3 (à trois lettres).

Type

  • is:reply pour n'obtenir que les réponses.
  • is:sensitive pour n'obtenir que les messages comportant un avertissement de contenu.

Caractéristiques

  • has:media pour les messages contenant des images ou des vidéos.
  • has:image pour les messages contenant des images en pièce jointe.
  • has:video pour les messages contenant des vidéos.
  • has:link pour les messages contenant des URL.
  • has:poll pour les messages contenant des sondages.
  • has:embed pour les messages contenant des éléments incorporés. Il ne s'agit pas d'aperçus, mais d'embeds réels comme une vidéo que vous pouvez regarder sans quitter votre client.

Faits amusants / bizarreries

is: et has: sont traités de la même manière. Par conséquent, vous pouvez rechercher soit has:image soit is:image et obtenir les mêmes résultats. Dans le cas des réponses, cela peut être trompeur : has:reply ne trouve pas les messages qui ont des réponses, mais les messages qui sont des réponses.

Sources:


  1. Instances Mastodon utilisant la version 4.2 ou plus récente. ↩

  2. Les administrateurs peuvent modifier la valeur par défaut. Toutefois, les utilisateurs gardent la main pour modifier le réglage quand à l'incorporation de leurs propres messages et profil dans le moteur de recherche. Pour cela, allez dans "Préférences", "Profil", onglet "Vie privée et confidentialité", et réglez l'option "Inclure mes messages publics dans les résultats de recherche". Il y a également une option "Inclure la page de profil dans les moteurs de recherches". ↩

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 Tirer parti des autres serveurs

Chercher un hashtag

Dans la première partie, j'ai expliqué que l'une des forces de Mastodon, l'abonnement à un hashtag, n'était pas si intéressant lorsque l'on est résident d'une petite instance.

Toutefois, ce n'est pas un handicap car même si l'on n'en est pas résident, la plupart des grosses instances Mastodon laissent leur moteur de recherche accessible au visiteur anonyme. C'est valable aussi bien pour les "officiels" mastodon.social et mastodon.online, que pour les outsiders mstdn.social, mas.to et Vivaldi ou les plus sulfureux baraag.net et pawoo.net.

Pour ma part, j'ai acquis le réflexe de taper directement le modèe d'URL pour rechercher un hashtag :

https://domaine.example/tags/LibelléDuTag

Explorer une communauté

Si les groses instances ont leurs vertus, les petites ont aussi les leurs. Dont la moindre n'est pas d'héberger des groupes de personnes plus petits, souvent plus homogènes, ce qui en facilite la modération.

On peut trouver des listes de serveurs sur notamment joinmastodon.org, fedi.garden et mastodonservers.net.

Là aussi, j'ai acquis le réflexe de taper directement les URL pour trouver le fil local, à mon avis plus parlant que le répertoire des utilisateurs :

https://domaine.example/public/local

Sur certaines instances, l'accès à ce fil local est réservé aux membres enregistrés, pour des raisons de protection de la vie privée. Dans d'autres instances, il est pollué par des robots mal configurés, et dont les administrateurs n'ont pas modifié les réglages par défaut. Mais en général, sur les instances de taille moyenne, il permet de faire de belles découvertes.

Plusieurs clients Mastodon permettent de suivre des fils locaux additionnels, en sus de celui de l'instance où l'on a son compte. Pour ma part, je jette de temps en temps un œeil sur :

  • Dans le codage :
    • iosdev.space: a server for all SwiftLang developers
    • infosec.exchange: a Mastodon instance for info/cyber security-minded people
    • techhub.social: a hub primarily for passionate technologists
    • Hachyderm: Hachyderm is a safe space, LGBTQIA+ and BLM, primarily comprised of tech industry professionals world wide
  • Dans d'autres professions :
    • hci.social: for Human-computer Interaction researchers and practitioners
    • mastodon.energy: a server dedicated to professional and academic individuals or organizations working on energy transition policy, infrastructure, technology, journalism, and science
  • Pour les sciences :
    • Sciences·Re : Sciences·Re souhaite offrir un espace de partage, de collaboration et de discussion en ligne pour la communauté scientifique, académique, éducative francophone
    • scicomm.xyz: an instance for scientists, researchers, science students, communicators, and enthusiasts
    • mstdn.science: a place for scientists and science enthusiasts to discuss research and topics surrounding our work
  • Plus généralistes :
    • tooting.ch : instance Mastodon suisse pour les personnes de Suisse et hébergée par l'association FairSocialNet
    • mastodon.xyz: open to everyone, but mainly English and French speaking
    • toad.social: operated by David Troy, a tech pioneer and investigative journalist addressing threats to democracy
    • hostux.social: European mastodon instance hosted in Luxembourg. Also beer, privacy and free software lovers.
    • [freeradical.zone]https://freeradical.zone/public/local: infosec and privacy and technology and leftward politics and cats and dogs and...

Entre le début de la rédaction de cette série d'articles, hier matin, et sa conclusion, ce soir, je me suis abonné à 12 comptes de plus. Preuve s'il en fallait que le Fediverse est plein de richesses qui restent encore à explorer !

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 Le point clé 💪🏽 dans Mastodon : le menu « … » et sa commande « Ouvrir la page d'origine »

Le secret qu'il m'a fallu un peu de temps à découvrir, c'est que, pour enrichir et diversifier son fil personnel Mastodon, et plus particulièrement lorsqu'on est sur une petite instance, il faut partir en exploration active. Et le chemin de traverse pour cela est un élément de menu intitulé « Ouvrir la page d'origine » (ou “Open original page”), dans un menu que les serveurs Web Mastodon hébergent discrètement derrière le signe «  ».

Ce menu est accessible en dessous des messages individuels…

Capture d'écran d'un message affiché par un serveur web Mastodon. Un signe '...' signalant la présence d'un menu contextuel a été entouré en rouge pour attirer l'attention.

… et la commande apparaît lorsque le message n'a pas été initialement écrit sur le serveur que nous visitons actuellement.
L'actionner permettra souvent de mieux comprendre le contexte dudit message, ainsi que de peut-être découvrir d'autres réponses qui nous étaient cachées !

Capture d'écran du contenu du menu contextuel précédemment cité. L'élément 'Ouvrir la page d'origine' a été entouré en rouge.

De même, lorsqu'on affiche un profil, un menu «  » apparaît également à gauche du bouton "Suivre".

Capture d'écran d'un profil utilisateur affiché par un serveur web Mastodon. Un signe '...' signalant la présence d'un menu contextuel a été entouré en rouge pour attirer l'attention.

La commande « Ouvrir la page d'origine » permettra de voir l'ensemble des messages (publics) et republications effectuées par le profil, ce que nous n'aurions pas pu voir si ce profil n'était pas suivi par quelqu'un de l'instance de départ.

Capture d'écran du contenu du menu contextuel précédemment cité. L'élément 'Ouvrir la page d'origine' a été entouré en rouge.

Le jeu qui s'ensuit me fait un peu penser à celui du saute-moutons :

  • Oh, un post intéressant ou un brin provocateur ! Je ne puis croire qu'il ne provoque pas dans le vaste monde davantage de réactions intéressantes !
  • Allons le voir sur son serveur d'origine !
  • Oh, des réponses pertinentes, ou bien une photo de profil rigolote ou un nom de profil intrigant dans les réactions ! Allons voir d'un peu plus près ce personnage !
  • Tiens, je ne connaissais pas ce serveur ! Allons voir de plus près son fil local ! (celui auquel on accède en cliquant sur l'icône globe terrestre 🌎 « Flux en direct »)…
  • Et c'est reparti pour un tour…

Au cours des différentes étapes de ce petit jeu, on a beaucoup d'occasions de trouver des comptes intéressants à suivre, de partager des messages ou de les mettre en favoris… Pour ma part, je sollicite beaucoup les bookmarklets personnalisés que j'ai installé dans mon navigateur Web pour faire le nécessaire au niveau de l'instance mastodon.mg qui héberge mon compte.

Cette commande « Ouvrir la page d'origine » est devenue tellement importante pour moi que j'ai vraiment du mal à comprendre pourquoi les clients Mastodon ne l'intègrent pas davantage en leur cœur. À ma connaissance, seul Mona (client payant pour iPhone / iPad / Macintosh) dispose de manière native de cette fonction absolument clé dans un réseau décentralisé ; il semble que la quasi-totalité des autres développeurs demeurent prisonniers des schémas logiques et choix ergonomiques apparus danas l'empire des plateformes centralisatrices, et vous renvoient à l'ouverture dans un navigateur Web.

Mona, a contrario, vous permet de remonter à la page d'origine tout en restant dans l'application.

Capture d'écran d'un menu contextuel dans l'application Mona. Les éléments 'Ouvrir dans le navigateur' et 'Chargement à partir d’un serveur distant' ont été entourés en rouge.

Dans la troisième partie, nous verrons comment contourner les supposés handicaps du fait d'avoir son compte sur une petite instance.

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 Construire son fil personnel Mastodon

J'ai eu un mal fou à retrouver mes premiers toots (terminologie de l'époque, avril 2017). Quête sans grand intérêt, mais dont il ressort néanmoins un constat très significatif : 13 mois après, je n'avais trouvé que 38 comptes à suivre1.

Au début de la rédaction de cet article, j'en suis à 505 comptes suivis2. Et cela fait plus de deux ans que je n'utilise plus que Mastodon 🦣, notamment parce qu'entretemps mon fil personnel est devenu passionnant.

Un des points de bascule aura été le rachat de Twitter par Elon Musk, avec les différentes conséquences qui s'en sont ensuivies. Mais, à mes yeux, le point le plus important est intervenu peu après et aura été le fait de dépasser le cap des 200 comptes suivis sur Mastodon. À partir de ce moment là, mon fil personnel est devenu plus vivant et plus surprenant, tout en étant complètement différent de celui qui m'est proposé par les autres réseaux sociaux, lorsque je me retrouve amené à y retourner contre ma volonté. Si au départ j'avais été un peu déçu de ne pas retrouver sur Mastodon les personnes que je connaissais sur Twitter, j'ai dépassé ce cap depuis fort longtemps. Désormais, lorsque j'ouvre Mastodon, je suis pratiquement assuré d'y trouver assez rapidement un contenu intéressant. Cela peut même devenir assez addictif, alors qu'aucun algorithme machiavélique n'est à l'œuvre…

Bien entendu, le point de bascule que je situe à 200 comptes suivis n'est qu'indicatif. Que se passerait-il si un utilisateur décidait de suivre 200 comptes complètement au hasard ? le meilleur ou le pire ? Je vous laisse le soin d'essayer si d'aventure l'envie vous en prenait… Inversement, ce qui a marché pour moi pourrait ne pas convenir à d'autres. Quoi qu'il en soit, cette période de fêtes de fin d'année est à mes yeux la plus propice pour tenter de faire un cadeau en faisant part de mes recettes de cuisine 📓.

Commençons par relever les recommandations qui, selon moi, ne marchent pas vraiment et m'ont fait stagner au début.

La page par défaut de Mastodon 🤷

Lorsque vous arrivez sur une "instance" Mastodon (c'est à dire un serveur) sans y avoir ouvert de compte, vous tombez en général sur la page Explore. En général, soit celle-ci est confuse, soit elle est vide, ce qui est le cas pour le serveur que j'utilise, mastodon.mg, qui n'affiche que 6 utilisateurs actifs3. J'ai rarement fait des découvertes dans ces pages Explore.

Suivre un hashtag 😑

Mastodon permet de rechercher des hashtags, puis de les suivre. C'est certainement très intéressant sur de grosses instances où l'on peut découvrir des messages provenant de comptes suivis par les personnes présentes sur la même instance, mais sur une petite instance comme mastodon.mg, le potentiel de découvertes est nécessairement plus limité…

Poster une #introduction 🤨

On recommande souvent aux débutants de débuter sur le Fediverse en postant un message de présentation, en y incluant le hashtag #introduction. Cette pratique ne m'a jamais vraiment convaincue. Ce n'est pas avec une auto-promotion que vous donnerez à beaucoup de personnes l'envie de vous faire signe, surtout si votre profil n'affiche pas encore grand chose d'autre.

Je suggèrerais en tout cas de ne rédiger un message d'introduction qu'après avoir commencé à suivre quelques personnes et boosté des messages, qui illustreront vos centres d'intérêts et enrichiront le profil affiché par les visiteurs de votre instance. Mais c'est un peu comme un serpent qui se mord la queue : où et comment commencer de la manière la plus efficace ?

C'est ce que nous allons voir dans la deuxième partie 💪🏽.


  1. Et à l'issue de ces 13 mois, j'avais en tout et pour tout 2 (oui, deux !) abonnés. ↩

  2. … et accessoirement 172 abonnés. ↩

  3. En fait, il n'y a que deux utilisateurs qui sont régulièrement actifs : Sokatra, premier habitant des lieux après l'administrateur système, et moi-même. ↩

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