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Plus de 430 organisations impliquées sur les sujets environnementaux ont adressé une lettre ouverte au Président de la refondation de la République de Madagascar (PRRM) ce samedi 25 octobre 2025.
Si vous lisez les deux langues, je vous encourage à lire aussi bien la version en langue Malagasy (PDF 172 Ko) que la version en français (PDF 204 Ko), car les deux textes ne sont pas une traduction littérale l'un de l'autre.
Si l'on tente de la résumer, la lettre attire l'attention sur :
- le caractère fondamental des problématiques environnementales dans l'appauvrissement de la majorité de la population
- les risques accrus dans une période de transition.
Elle présente onze revendications et propositions pour une refondation écologique et une gouvernance durable des ressources naturelles à Madagascar :
- Rétablir l'État de droit contre les auteurs de crimes environnementaux
- Faire de la protection des forêts et de la reforestation qualitative à grande échelle des priorités nationales
- Avoir un Ministère de la Pêche et de l'Économie Bleue fort pour protéger les 5400 km de côtes
- Nommer des dirigeants du secteur intègres, compétents et ouverts au dialogue
- Doter les ministères concernés de budgets à la hauteur de leur mission
- Garantir le respect des droits des communautés locales
- Adopter la loi sur la protection des défenseurs des droits humains et des lanceurs d'alerte
- Confirmer officiellement la remise à plat complète du projet d'autoroute
- Mettre fin à toute forme d'accaparement foncier
- Réformer le secteur minier pour protéger la population et l'environnement
- Créer le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE)
L'écriture de cette lettre s'est étalée sur plusieurs jours, avec des mises en pause puis des actualisations dictées par l'évolution rapide de l'actualité. Dans la partie relative au point numéro 1 (Rétablir l'État de droit), il fut longtemps envisagé de citer les noms ou les fonctions de certaines personnalités auxquelles il pouvait être imputé des crimes environnementaux.
S'il fut finalement décidé de se passer des noms, il reste AMHA intéressant pour l'édification de tous de comprendre et mesurer la profondeur de la méfiance que les organisations non gouvernementales cultivent envers le monde politique. Je listerai donc quelques cas et événements qui sont documentés mais n'ont jusqu'ici fait l'objet que de suivi intermittent :
- un document portant en 2015 la signature de l'ancien ministre de l’environnement, de l’écologie et des forêts, Anthelme Ramparany, prétendait qu'une exportation de bois de rose d'une valeur de 50 millions de dollars était légale. Le dossier a été transmis en 2019 par le Pôle anti-corruption (PAC) à la Haute cour de justice (HCJ) sans qu'une suite n'ait encore été donnée.
- l'ancien ministre de l'intérieur et actuel président de la Haute cour constitutionnel, Florent Rakotoarisoa, a été accusé en 2015 par les habitants du village de Saint-Augustin à Toliara de massacre de flamants roses.
- la députée Lanto Rakotomanga a été impliquée en 2019 dans un transport illicite de transport de bois de rose censé lui appartenir. Malgré la pression médiatique de la société civile et même du Bureau Indépendant Anti-Corruption, le bureau permanent de l'Assemblée nationale n'a pas délivré d'autorisation de poursuite.
- le député Roméo Ramanantanina a été condamné en avril dernier à 10 ans de prison pour trafic de tortues et blanchiment d'argent mais a été récemment mystérieusement libéré.
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