Et le Madagascar réel, bon sang ?
En France, sous l'Ancien Régime, il y avait trois ordres : le Clergé, la Noblesse et le Tiers état. Dans la sphère culturelle chinoise, la structure utilisée par les érudits confucéens ou légistes considérait quatre catégories du peuple : les aristocrates et lettrés, les paysans, les artisans, les marchands et commerçants.
Je n'ai rien trouvé sur le sujet dans le wikipedia amin’ny teny malagasy1, mais je me permets d'avancer la classification suivante :
- le monde rural,
- la classe politique et ceux qui frayent avec,
- l'Armée et les forces de sécurité,
- le reste du monde urbain.
Cette classification vaut ce qu'elle vaut et est évidemment approximative. Mais je suis persuadé que, malgré les oppositions internes affichées, les personnes qui figurent dans chacune de ces catégories ont des comportements plus homogènes et ont plus d'affinités entre elles que les personnes figurant dans les autres catégories.
Le mouvement social de 2025 à Madagascar est clairement parti de la catégorie 4, et a été arbitré au sein de la catégorie 3.
Actuellement, beaucoup de monde au sein de la catégorie 2 rêve évidemment de reprendre la main. Au sein de la catégorie 4, certains veulent entrer dans la catégorie 2, d'autres n'y pensent surtout pas.
Quand à la catégorie 1, elle reste largement inaudible. Les choses n'ont pas tant changé que cela depuis 2003 :
Pourquoi garde-t-on cette mémoire à direction unique ? Celle des plus forts, celle des seigneurs, les porte-parole des autorités ? C’est vraiment dommage que nous continuions à fonctionner ainsi, il est sûrement temps que l’on se tourne vers les autres mémoires, les autres modes de vie (…)
Les organisations structurées qui pourraient représenter ce monde rural demeurent peu présentes auprès des vrais centres de décision et, indice que cette catégorie reste peu connectée quoi qu'en disent nos opérateurs télécom, leurs pages Facebook ne sont pas beaucoup suivies. On peut néanmoins citer :
- Tranoben'ny tantsaha mpamokatra (Facebook)
- Firaisankinan'ny Tantsaha eto Madagasikara / Coalition Paysanne de Madagascar (Facebook)
- FEKRITAMA (Facebook)
Je vois le nom de ces associations parmi les signataires de la dernière déclaration de la société civile ou des différentes déclarations sur les débuts chaotiques de l'autoroute Antananarivo-Toamasina (exemple). C'est un indice que ce qu'on appelle "société civile" couvre bien les catégories 1 et 4 et qu'il y a au sein de cette société là une fraternité d'armes, à l'instar de celle qui existe dans la catégorie 3…
Un peu comme pour la "société civile", les organisations du "secteur privé" sont souvent issues de la catégorie 4, mais sont également présentes dans le monde de la catégorie 1. Au sein du "secteur privé", il en est qui frayent de manière suspecte avec la catégorie 2, et pas seulement la personne dont on n'osait encore pas prononcer le nom il y a quelques semaines. Oui, il y a un peu de ménage à faire. Mais la grande majorité du secteur privé veut lutter contre la corruption et comprend les bienfaits qu'apporterait un surplus de transparence en matière de lobbying.
Encore une fois : voir les choses telles qu’elles sont, c’est voir à la fois les échecs et les succès, à la fois la corruption et l’intégrité, à la fois l’intérêt personnel et l’altruisme qui existent dans le monde.
Je suis personnellement convaincu qu'il y a des combats qui pourront et devront être menés ensemble, notamment sur :
- la sobriété et le souci d'efficacité dans l'utilisation des deniers publics,
- l'adoption d'une loi sur la protection des lanceurs d'alerte,
- la revue et la mise en œuvre effective, avec application de sanctions en cas de dérapages, de la réglementation sur le financement de la vie politique et des campagnes électorales,
- l'accès aux données publiques.
Pour l'heure, certains dans la catégorie 2 semblent bien pressés de nommer un Premier ministre et de se partager le gâteau des postes de responsabilité durant la période de transition qui s'est ouverte à Madagascar.
Mais avant de choisir les personnes, il faut que la direction, la méthodologie et le calendrier soient clairement définis.
Et franchement, dans quelle mesure peut-on faire confiance pour le choix d'un Premier ministre à des députés qui ont avant tout démontré leur versatilité et qui, plutôt que de défendre des idées, défendent prioritairement leurs fauteuils et tickets carburant ?
Le message a été lancé par la "société civile", mais je crois qu'il résonne également ailleurs.
Unissons nos voix, nos idées et nos responsabilités pour:
- Définir les objectifs et axes stratégiques de la transition pour la refondation ;
- Nommer un Premier Ministre civil, s'engageant à ne pas se présenter aux prochaines élections, et sélectionné selon des critères prédéfinis lors du dialogue;
- Élaborer la feuille de route de la transition, fondée sur les principes de probité, de responsabilité partagée et d'inclusivité ;
- Mettre en place un système de suivi, d'évaluation, de transparence et de redevabilité des engagements pris.
Un peu de matériau pour communiquer : PDF (841 Ko) ou archive ZIP d'images (965 Ko) utilisables sur les réseaux sociaux.
Et même Wikipedia amin'ny teny malagasy>.
#Madagascar #Malagasy
#Taninjanaka
#NoKings
Mais j'y ai trouvé par contre la désignation la plus explicite des groupes économiques ayant été ciblés par les pillages. ↩