Étonnements rapides et durables

Ahanements d'octets austraux

 Me voilà rattrapé par le passé…

On m'a beaucoup téléphoné hier en début de soirée pour me demander ce que je pensais du nouveau Premier ministre.


Full disclosure, parce qu'il est plus important que jamais d'être transparent : Herintsalama Rajaonanarivelo est Président du Conseil d'Administration de la banque BNI depuis novembre 2020. Jusqu'au 1er décembre 2024, j'assurais entre autres fonctions celle de secrétaire du Conseil d'Administration de ladite banque.

Mes fonctions de secrétaire du Conseil n'avait rien à voir avec le fait que je sois aussi un "petit" actionnaire de la banque. Ma présence au capital de la société a été acquise pour l'essentiel en février 1991 car, au moment de la privatisation de la banque, l'État malgache avait donné la possibilité aux salariés d'acheter des actions. J'avais pu emprunter auprès de proches pour faire cet investissement qui s'est avéré particulièrement rentable. Ce n'est pas l'unique raison de mon attachement à cette banque où j'ai quand même passé 38 ans de carrière.

Mes relations avec l'un des principaux actionnaires de la banque ont parfois été compliquées. Le Don-quichottisme des petits actionnaires les avait menés en 2014 à aller jusqu'au Conseil d'État. Onze ans après, je ne ressens le besoin ni d'ajouter ni de retirer quoi que ce soit à ce que j'avais écrit en Janvier 2014 concernant la personne d'Hassanein Hiridjee.1


En ce qui me concerne, je continue de considérer que le choix de bons processus doit primer sur le choix de personnes.

Si vous voulez en savoir plus sur le nouveau "PM", ma réponse la plus simple dans un premier temps serait d'inviter à voir cette vidéo LinkedIn où il parle de lui (vidéo de 5 minutes sous-titrée en français).

Je peux affirmer que, contrairement à ce qu'il laisse entendre, le président du Conseil d'Administration de la BNI n'est pas vraiment en mesure d'être au cœur des décisions.

Par conséquent, il faudra considérer avec circonspection ses déclarations sur sa conception du rôle de Premier ministre.

#Madagascar #3615MaLife

  1. Si ce n'est peut-être que je trouve très bizarre qu'un opérateur télécom bloque l'accès à certains sites internet sans obligation légale. Tapez "Journal de l'île rouge" dans un moteur de recherche, puis cliquez. Si vous êtes client de Yas Madagascar, accès bloqué depuis des temps immémoriaux et encore à l'heure de l'écriture de ce billet. ↩

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 Et le Madagascar réel, bon sang ?

En France, sous l'Ancien Régime, il y avait trois ordres : le Clergé, la Noblesse et le Tiers état. Dans la sphère culturelle chinoise, la structure utilisée par les érudits confucéens ou légistes considérait quatre catégories du peuple : les aristocrates et lettrés, les paysans, les artisans, les marchands et commerçants.

Je n'ai rien trouvé sur le sujet dans le wikipedia amin’ny teny malagasy1, mais je me permets d'avancer la classification suivante :

  1. le monde rural,
  2. la classe politique et ceux qui frayent avec,
  3. l'Armée et les forces de sécurité,
  4. le reste du monde urbain.

Cette classification vaut ce qu'elle vaut et est évidemment approximative. Mais je suis persuadé que, malgré les oppositions internes affichées, les personnes qui figurent dans chacune de ces catégories ont des comportements plus homogènes et ont plus d'affinités entre elles que les personnes figurant dans les autres catégories.

Le mouvement social de 2025 à Madagascar est clairement parti de la catégorie 4, et a été arbitré au sein de la catégorie 3.

Actuellement, beaucoup de monde au sein de la catégorie 2 rêve évidemment de reprendre la main. Au sein de la catégorie 4, certains veulent entrer dans la catégorie 2, d'autres n'y pensent surtout pas.

Quand à la catégorie 1, elle reste largement inaudible. Les choses n'ont pas tant changé que cela depuis 2003 :

Pourquoi garde-t-on cette mémoire à direction unique ? Celle des plus forts, celle des seigneurs, les porte-parole des autorités ? C’est vraiment dommage que nous continuions à fonctionner ainsi, il est sûrement temps que l’on se tourne vers les autres mémoires, les autres modes de vie (…)

Les organisations structurées qui pourraient représenter ce monde rural demeurent peu présentes auprès des vrais centres de décision et, indice que cette catégorie reste peu connectée quoi qu'en disent nos opérateurs télécom, leurs pages Facebook ne sont pas beaucoup suivies. On peut néanmoins citer :

Je vois le nom de ces associations parmi les signataires de la dernière déclaration de la société civile ou des différentes déclarations sur les débuts chaotiques de l'autoroute Antananarivo-Toamasina (exemple). C'est un indice que ce qu'on appelle "société civile" couvre bien les catégories 1 et 4 et qu'il y a au sein de cette société là une fraternité d'armes, à l'instar de celle qui existe dans la catégorie 3…

Un peu comme pour la "société civile", les organisations du "secteur privé" sont souvent issues de la catégorie 4, mais sont également présentes dans le monde de la catégorie 1. Au sein du "secteur privé", il en est qui frayent de manière suspecte avec la catégorie 2, et pas seulement la personne dont on n'osait encore pas prononcer le nom il y a quelques semaines. Oui, il y a un peu de ménage à faire. Mais la grande majorité du secteur privé veut lutter contre la corruption et comprend les bienfaits qu'apporterait un surplus de transparence en matière de lobbying.

Encore une fois : voir les choses telles qu’elles sont, c’est voir à la fois les échecs et les succès, à la fois la corruption et l’intégrité, à la fois l’intérêt personnel et l’altruisme qui existent dans le monde.

Je suis personnellement convaincu qu'il y a des combats qui pourront et devront être menés ensemble, notamment sur :

  • la sobriété et le souci d'efficacité dans l'utilisation des deniers publics,
  • l'adoption d'une loi sur la protection des lanceurs d'alerte,
  • la revue et la mise en œuvre effective, avec application de sanctions en cas de dérapages, de la réglementation sur le financement de la vie politique et des campagnes électorales,
  • l'accès aux données publiques.

Pour l'heure, certains dans la catégorie 2 semblent bien pressés de nommer un Premier ministre et de se partager le gâteau des postes de responsabilité durant la période de transition qui s'est ouverte à Madagascar.

Mais avant de choisir les personnes, il faut que la direction, la méthodologie et le calendrier soient clairement définis.

Et franchement, dans quelle mesure peut-on faire confiance pour le choix d'un Premier ministre à des députés qui ont avant tout démontré leur versatilité et qui, plutôt que de défendre des idées, défendent prioritairement leurs fauteuils et tickets carburant ?

Le message a été lancé par la "société civile", mais je crois qu'il résonne également ailleurs.

Unissons nos voix, nos idées et nos responsabilités pour:

  • Définir les objectifs et axes stratégiques de la transition pour la refondation ;
  • Nommer un Premier Ministre civil, s'engageant à ne pas se présenter aux prochaines élections, et sélectionné selon des critères prédéfinis lors du dialogue;
  • Élaborer la feuille de route de la transition, fondée sur les principes de probité, de responsabilité partagée et d'inclusivité ;
  • Mettre en place un système de suivi, d'évaluation, de transparence et de redevabilité des engagements pris.

Un peu de matériau pour communiquer : PDF (841 Ko) ou archive ZIP d'images (965 Ko) utilisables sur les réseaux sociaux.

Et même Wikipedia amin'ny teny malagasy>.

#Madagascar #Malagasy
#Taninjanaka
#NoKings

  1. Mais j'y ai trouvé par contre la désignation la plus explicite des groupes économiques ayant été ciblés par les pillages. ↩

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 Pourquoi le cynisme n'est qu'une lâcheté morale

[Traduction libre d'un billet de Joan Westenberg en date du 8 octobre 2025. Parce que j'ai moi aussi connu au tournant de la vingtaine une période punk No Future.]

« Quand la croyance est-elle devenue gênante ?

Notre état d’esprit par défaut a changé ces derniers temps : du scepticisme, qui peut être sain, au cynisme, qui a tendance à corrompre tout ce qu’il touche.

Je tiens à préciser ce que j’entends par cynisme : je parle de la pensée réflexe selon laquelle les motivations déclarées par tous sont fausses, que les institutions sont irrémédiablement corrompues, que les projets idéalistes sont soit des escroqueries, soit des illusions, qu’il n’y a aucun espoir, et que quiconque prétend le contraire est soit naïf, soit complice.

L'attrait du cynisme réside dans le fait qu'il vous donne l'air intelligent sans exiger beaucoup de réflexion personnelle. Il est plus facile de démolir que de construire, d'anticiper le pire que d'évaluer les faits, de ricaner que de s'engager, de sourire en coin plutôt que de sourire tout court.

Le cynique n’est jamais gêné d’avoir cru en quelque chose qui a échoué.

Il n'est jamais pris en flagrant délit de ridicule parce qu'il avait fait confiance.

C'est une police d'assurance contre la déception, et dans un monde qui déçoit régulièrement, qui peut blâmer les gens de vouloir se protéger ?

Mais le cynisme ne vous protège de la perte qu'en vous empêchant de prendre des risques. Il vous protège de la souffrance d'un idéalisme trahi, mais il le fait en rendant impossible de croire en quoi que ce soit. »

« Le cynique atteint l'invulnérabilité en visant la stérilité. On ne peut pas être déçu par une cause à laquelle on n'a jamais cru, un mouvement auquel on n'a jamais adhéré, un homme auquel on n'a jamais fait confiance, une idée à laquelle on n'a jamais accordé une once d'attention.

George Orwell était bien placé pour le savoir. Il a passé des années à documenter les crimes du totalitarisme et les échecs des mouvements politiques, mais il n'a jamais cessé de croire que le socialisme démocratique était possible et valait la peine de se battre pour. Il était capable de garder simultanément à l'esprit le régime de Staline est monstrueux et un système économique plus juste est réalisable.

Ce à quoi Orwell a résisté, avec force et à contre-courant de la tendance moderne, c'est au glissement du cette chose était corrompue vers le tout est forcément corrompu. Sa capacité à rester idéaliste tout en étant lucide sur les faiblesses humaines est l'une des raisons pour lesquelles ses écrits restent toujours d'actualité en 2025. »

Mais le bilan historique n'est-il pas accablant ? La plupart des grands projets ne sont-ils pas des échecs ? La plupart des mouvements ne sont-ils pas récupérés, la plupart des institutions capturées, la plupart des idéalistes ne sont-ils pas démasqués comme étant des hypocrites ?

« Bien sûr.

Il existe (comme j’aime à le dire) de nombreux cas de ce genre.

La Révolution française a bel et bien dévoré ses enfants. L'Union soviétique est devenue exactement le type de tyrannie qu'elle prétendait renverser. Des politiciens qui militent pour des réformes se laissent engloutir par le système qu'ils avaient promis de changer.

Mais regardez ce qui se passe lorsque nous nous en arrêtons uniquement à cela : nous passons à côté de tous les cas où les choses ont vraiment fonctionné.

Le plan Marshall a contribué à reconstruire l'Europe. Le mouvement des droits civiques a mis fin à la ségrégation raciale. La variole a été éradiquée grâce à un effort de coordination internationale. Le Protocole de Montréal a permis de remédier au trou dans la couche d'ozone. S'agit-il de réussites parfaites ? Non, elles sont toutes le fruit d'une série de compromis douteux, d'exécutions imparfaites et de conséquences imprévues.

Mais elles se sont produites.

Et le monde est différent // meilleur grâce à elles.

Le cynique universel traite ces succès soit comme des coups de chance, soit comme de la propagande, ce qui est une position impossible à tenir. Si chaque succès apparent doit être réinterprété comme un heureux hasard ou une façade pour quelque chose de sombre et louche, vous avez rendu votre vision du monde infalsifiable. Vous avez créé une théorie qui explique tout et rien. »

« Le cynique prétend être le seul à vouloir voir le monde tel qu'il est réellement, tandis que tous les autres se complairaient dans des fictions réconfortantes. Mais c'est l'inverse. Le cynique a simplement choisi un autre ensemble d'axiomes, qui filtre tout autant la réalité que l'optimisme naïf. Si l'optimiste ne voit que le bien, le cynique ne voit que le mal, et tous deux sont aveugles à la réalité confuse, compliquée et désordonnée // foireuse qui se présente à eux.

Oui, il existe des crises de reproductibilité, des biais de publication et des incitations perverses qui récompensent les découvertes spectaculaires et ignorent le travail acharné. Le cynique s'en sert pour conclure qu'il ne faut se fier à aucune découverte scientifique, que l'expertise n'est que l'entre soi de diplômés et que l'évaluation par les pairs est un système de rémunération. Ce qui rend impossible de distinguer les domaines présentant de graves problèmes de ceux présentant des lacunes mineures, les études profondément biaisées de celles qui sont simplement imparfaites, les experts qui défendent un certain programme de ceux qui tentent de découvrir la vérité.

Quand tout est arnaque, plus rien n'est arnaque. Quand chacun est motivé par des intérêts égoïstes cachés, nous abdiquons toute capacité à distinguer une personne véritablement engagée dans le bien commun d'une personne véritablement escroc.

Le cynique pourrait dire : voyez-vous, c’est là le problème, il n’y a aucune différence.

C'est juste abandonner.

Et je ne suis pas du genre à abandonner. »

« Je soupçonne qu'une partie du cynisme moderne est due à la surcharge d'informations. Nous sommes exposés à un flot incessant d'histoires de corruption, d'échecs et de trahisons. Pour chaque témoignage réconfortant d'une association caritative faisant du bien, on compte trois révélations sur la fraude. Pour chaque intervention politique efficace, on compte dix échecs. Et tout cela est plus visible que jamais. Il est facile d'examiner ce flot d'informations et de conclure que le ratio échec/succès doit nous inciter à partir du principe que l'échec est la norme.

En tant que journaliste, croyez-moi quand je vous dit qu'il s’agit d’un problème d’échantillonnage. Les mauvaises nouvelles suscitent plus d'attention que les bonnes. Les échecs sont plus intéressants que les réussites. L’association qui distribue efficacement des moustiquaires antipaludiques depuis vingt ans fait l'objet d'un seul article ; celle qui s’effondre suite à un scandale en suscite des dizaines. Notre environnement informationnel tend à donner une image plus sombre du monde qu’il ne l’est, et le cynique est soit aveugle, soit arrogant, soit assez stupide pour prendre cet échantillon biaisé pour la réalité objective.

De plus, le cynisme agit comme un marqueur de statut social dans certaines communautés. Le merdeux capable d'expliquer pourquoi une proposition ne fonctionnera pas paraît plus intelligent que celui qui suggère qu'elle pourrait fonctionner si l'on ajustait ces trois paramètres. Et celui qui remet en question les motivations de chacun paraît plus sophistiqué que celui qui prend au pied de la lettre les intentions déclarées.

On observe alors un effet de cliquet : chaque génération d'intellectuels s'efforce d'être plus cynique que la précédente pour prouver sa supériorité. Les penseurs des Lumières ont remis en question l'autorité traditionnelle ; les romantiques ont remis en question le rationalisme des Lumières ; les modernistes ont remis en question tous les grands récits ; les postmodernistes ont remis en question la possibilité même de la vérité. Chaque étape semblait apporter une compréhension plus profonde, mais à un certain moment, la remise en question se transforme en tour de passe-passe. »

« Le cynique objectera que j'attaque un épouvantail // personne n'est vraiment cynique universel en pratique // chacun fait des exceptions pour ce qui lui tient à cœur. Et c'est en partie vrai. La plupart des personnes qui adoptent des postures cyniques sont d'un cynisme incohérent. Elles croient légitimes les causes qu'elles défendent tout en rejetant celles des autres. Elles font confiance à leurs experts préférés tout en supposant que ceux des autres sont compromis. Elles pensent que les institutions de leur camp sont fonctionnelles tout en traitant celles de l'autre camp comme irrémédiablement corrompues.

Mais le cynisme incohérent pourrait être encore pire que le cynisme universel. Il ajoute un raisonnement motivé et du tribalisme à un point de vue déjà problématique. Au moins, le cynique universel est impartial dans son mépris. Le cynique sélectif utilise simplement le cynisme comme couverture, l'appliquant quand cela lui convient et le mettant de côté lorsque ses intérêts sont en jeu.

L'optimisme pur n'est clairement pas la solution. La confiance naïve mène à l'exploitation, la foi aveugle mène au sectarisme, et l'acceptation aveugle conduit à de mauvaises décisions. »

« Quoi donc, alors ?

William James a écrit sur la volonté de croire ; dans certaines situations, croire en quelque chose peut rendre plus probable que cela devienne vrai. Autrement dit, la démocratie ne fonctionne que si les citoyens y croient et y participent en conséquence. Les communautés scientifiques ne fonctionnent que si les gens croient que l'honnêteté intellectuelle est possible et travaillent pour cela.

Le cynique répond qu'il s'agit là de raisonnements motivés, que nous croyons à certaines choses parce que nous voulons qu'elles soient vraies plutôt que parce qu'elles sont vraies. Mais les institutions, les mouvements et les normes sociales n'existent que dans la mesure où les gens y croient et agissent comme si elles sont réelles. Le cynique qui traite toutes les institutions de corrompues contribue à leur corruption en les privant de l'engagement de bonne foi qui les préserve de la corruption.

Le cynisme universel est une lâcheté morale, le refus de se risquer à investir ses espoirs dans quoi que ce soit, car cela reviendrait à admettre que l'on se soucie suffisamment de quelque chose pour prendre le risque de se tromper à son sujet. Le cynique se sent supérieur sans rien apporter, critique sans rien construire, a raison sur les échecs sans jamais risquer l'échec lui-même.

Voilà le véritable argument contre le cynisme : il protège l’ego aux dépens du monde. Il vous donne l’impression d’être intelligent tout en vous rendant confortablement inutile. Il vous protège de la déception tout en vous barrant la réussite. Et tout cela à moindre coût, à un prix défiant toute concurrence, tout en prétendant être la seule position honnête, la seule position réaliste.

Et c'est des conneries.

Voir les choses telles qu’elles sont, c’est voir à la fois les échecs et les succès, à la fois la corruption et l’intégrité, à la fois l’intérêt personnel et l’altruisme qui existent dans le monde.

L’invulnérabilité du cynique n’est en réalité qu’un autre mot pour désigner l’impuissance.

Et l’impuissance peut vous protéger de l’échec, mais elle vous garantit aussi que vous ne réussirez jamais rien à rien. »

#Madagascar #Monde
#Malagasy
#GenZ
#GenZoky
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 Vigilance toujours

La confiance est toujours révocable.

Si vous avez aimé un produit ou un logiciel, et qu'il se détériore, que ses conditions changent, qu'il ajoute des fonctions d'espionnage, vous pouvez changer d'avis et cesser de lui faire confiance et de l'utiliser.

Vous devez toujours réajuster votre jugement lorsque vous recevez de nouvelles informations.

Cela s'applique aux produits, aux plateformes, aux entreprises, aux partis politiques et aux personnes.

[Traduction libre d'un toot de Em]

#Enshitification #Merdification
#Madagascar
#Monde
#Politique
#Plateformes
#Logiciels
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 Vers une sortie de crise plus consensuelle ?

Nouveau développement qui me semble important pour l'avenir : lors d'une conférence de presse tenue au camp du CAPSAT, le colonel Michaël Randrianirina a déclaré que les militaires étaient prêts à se conformer à une décision de la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) en date du 14 octobre 2025.

Le colonel Randrianirina a déclaré que les militaires, alors qu'ils étaient sur la place du 13 mai, avaient pris leur décision parce que le pays était au bord du gouffre et que "personne ne prenait ses responsabilités". D'où leur déclaration de prise de pouvoir.

C'est après l'action des militaires que la décision de la HCC était "sortie". À partir du moment où la HCC a "sorti" son texte, les militaires étant sous l'égide des lois, ils entendent se conformer aux lois.

Même si la décision de la HCC ne va pas dans le sens de ce qu'ils avaient l'intention de faire ou de "tout ce que les Gen Z souhaitent", c'est dit-il actuellement la loi en vigueur et c'est ce "que nous devons tous suivre".

Au moment où j'écris ce billet, la décision de la HCC n'est plus directement accessible depuis la racine du site web de l'institution, mais j'ai pu retrouver le lien grâce à mes notes : http://www.hcc.gov.mg/?p=9647.

Dans ses attendus, la HCC constate qu'il n'y a plus ni Président de la République, ni Président du Sénat, ni gouvernement collégial en mesure de remplir les rôles prévus par la Constitution concernant les fonctions de Chef de l'État.

La HCC considère que la vacuité au sommet de l’Etat, portant atteinte aux exigences constitutionnelles concernant les missions du Président de la République, ne peut perdurer. Il y a donc obligation pour l’autorité qui pourrait faire face à cette situation avec efficacité et effectivité, d’exercer les fonctions de Président de la République.

La HCC considère alors que cette autorité ne saurait être que militaire (sic), incarnée par le colonel Randrianirina Michaël. Et qu’il revient donc à celui-ci la charge de, sous le contrôle de la HCC, prendre toutes les mesures rendues strictement nécessaires et inextricables par les circonstances et ce, dans des champs d’application et délai très limités.

Invitation est ainsi faite par la HCC à l’autorité compétente spécifiée plus haut (le colonel Michaël) pour organiser les élections d’un nouveau Président de la République dans les 60 jours.

(A mon humble avis personnel, la HCC est parfaitement consciente que ce délai est intenable, d'où le mot "invitation").

La HCC considère ensuite que les dispositions constitutionnelles interdisent à l’autorité qui supplée le Président de la République (le colonel Michaël donc), de dissoudre les institutions et organes prévus par la Constitution.

Le coeur de la décision de la HCC :

Article premier. –Est constatée la vacance des postes de Président de la République et de Président du Sénat.

Article 2.- Est constatée l’impossibilité par le Gouvernement en place de remplir les fonctions de Président de la République.

Article 3.- Invite l’autorité militaire compétente incarnée par le Colonel RANDRIANIRINA Michaël, à exercer les fonctions de Chef de l’Etat.

Article 4.- Les institutions et organes constitutionnels en place continuent d’exercer leurs pouvoirs habituels.

Le texte original de la décision de la HCC. Archive PDF ici.

La vidéo de la conférence de presse du colonel Michaël Randrianirina (le passage que j'ai repris supra est aux repères temporels 4:22 à 5:14).

#Madagascar #GenZ #GenZMadagascar #GenZoky

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samedi 11 octobre 2025

 Puisqu'on parle de l'armée et des scénarios à la Confédération des États du Sahel…

Merci à @Jogany, complice de longue date que j'ai un peu de mal à désigner sous son vrai nom de Joan Razafimaharo, de m'autoriser à reproduire un texte qui risquerait sinon de disparaître dans les mystères des algorithmes de Facebook.

« Pas une seule journée sans explosion de gaz lacrymogène dans mon quartier. Nous sommes maintenant en 2025 mais un demi-siècle plus tôt, un autre jeune observait ici même, dans les rues d’Antananarivo, la naissance d’un espoir collectif.

Aujourd’hui, encore moins de Malgaches savent que Thomas Sankara a arpenté ces rues au cœur de l’année incandescente de 1972. Pourtant, les archives militaires et les témoignages de ses compagnons d’armes confirment l’influence de cette expérience. Ce séjour fut une transmission par imprégnation : celle d’une conscience collective forgée au contact d’un peuple en révolte contre l’injustice, mais soucieux de sa cohésion nationale. »

Je n’ai pas appris à Madagascar comment faire une révolution, mais j’y ai appris pourquoi il faut la faire.
— (propos attribués à Sankara par ses compagnons de promotion, recueil oral, 1987)

« L’année 1972 marque à Madagascar l’un des tournants les plus décisifs de son histoire contemporaine. Le régime du président Philbert Tsiranana, issu de la Première République, vacille sous la pression d’un mouvement social d’une ampleur inédite : étudiants, lycéens, ouvriers et fonctionnaires dénoncent la dépendance persistante envers la France, les inégalités territoriales et la crise de légitimité d’un pouvoir jugé néocolonial.

C’est précisément dans ce contexte de désobéissance civique et de recomposition militaire que Sankara, alors âgé de 22 ans, suit sa formation à l’Académie militaire d’Antsirabe, l’une des institutions régionales francophones où étaient envoyés les jeunes officiers africains dans le cadre de la coopération militaire. »

« Les biographes de Sankara (notamment Ernest Harsch, Thomas Sankara: An African Revolutionary, 2014 ; Bruno Jaffré, Thomas Sankara, l’espoir assassiné, 1997) s’accordent à dire que ce séjour malgache fut déterminant dans sa maturation intellectuelle. Sankara y découvre un pays qui, malgré ses liens persistants avec l’ancienne puissance coloniale, connaît une effervescence idéologique rare : lectures marxistes, débats sur le non-alignement, réflexions sur la réforme de l’éducation et la fonction de l’armée.

À Antsirabe, les jeunes officiers malgaches et étrangers assistent de près à la contestation. Ils voient une jeunesse instruite réclamer une seconde indépendance. Sankara fréquente des étudiants de l’Université d’Antananarivo, participe à des discussions politiques et lit abondamment Frantz Fanon, Lénine et Mao Zedong, dont les brochures circulaient clandestinement. Cette immersion dans une société en mouvement lui révèle la portée concrète de la lutte anticoloniale : ce n’est pas un combat théorique, mais un enjeu de gouvernance, de justice et de souveraineté. »

« Ce passage à Madagascar est souvent présenté comme le moment où Sankara passe de l’observation à la conviction. Il comprend que l’armée africaine, héritée du modèle colonial, ne peut être neutre : elle doit se redéfinir comme force populaire et non comme instrument d’oppression.

Selon des témoignages recueillis par Bruno Jaffré et confirmés dans des entretiens croisés avec d’anciens élèves officiers, son séjour dans le Sud aurait profondément marqué Sankara. Il aurait confié à ses camarades : Ce peuple n’a rien, mais il partage tout. Voilà ce qu’on appelle dignité.

Le Grand Sud devient pour lui une leçon d’économie politique. Au début des années 1970, la région subissait déjà l’un de ses cycles de kéré, ces famines périodiques liées à la sécheresse et à la dégradation des sols. Les rapports de la FAO et du PNUD (1971–1973) signalent des taux de malnutrition dépassant 40 % et une perte massive de cheptel. Sankara observe alors un territoire qui reste pauvre non par manque de ressources, mais par absence de justice distributive et d’investissement structurel. »

« Ce qu’il retiendra de Madagascar, c’est que la décolonisation ne se limite pas à chasser l’ancien maître, mais à changer le rapport entre gouvernants et gouvernés. Son projet de Révolution démocratique et populaire au Burkina Faso, en 1983, en portera la trace : promotion du malgache comme du mooré dans les espaces publics, alphabétisation de masse, mobilisation féminine, et rejet de la dépendance économique.

Dans une Afrique où les jeunes générations cherchent encore à concilier souveraineté, justice et participation, ce passage par Madagascar résonne comme une métaphore : avant de devenir une voix continentale, Sankara fut le témoin attentif d’une révolution insulaire — celle d’un peuple qui, malgré la pauvreté et la fragmentation, refusait de se taire. »

« Je saisis complètement les enjeux des politiciens dans leur course contre la montre pour respecter, coûte que coûte, l’agenda dans lequel ils se sont engagés. Mais la militarisation de leur réponse face aux mécontentements ne fera qu’exacerber une population déjà aux abois.

La lutte pour la justice sociale est une cause belle et nécessaire. Elle réveille les plus hautes vocations et doit nourrir chaque décision publique, chaque usage de nos ressources communes. Les élus ont contracté un devoir de redevabilité, et les corps armés ont prêté serment de protéger.

Le peuple, dans sa jeunesse, a une nouvelle fois grondé.

Maintenant, écoutez-les. »

« Thomas Sankara, l'homme qui allait changer l'Afrique ». À écouter sur Radio France.

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 L'envol d'une dictature militaire (?)

Copié-collé d'une réflexion lue sur un groupe de messagerie privée, à la suite des déclarations de militaires du camp CAPSAT.

CAPSAT, 11 octobre. L'histoire recommence. Le scénario le plus probable, le directoire militaire est en train de se réaliser sous nos yeux. Des militaires rassemblés autour d'une table appelle ouvertement à la sédition. Ils appellent tous les militaires à quitter immédiatement leurs postes et à rejoindre la Compagnie Administrative et de Service des Armées et du Trésor (CAPSAT). En sachant qu'il s'agit du cœur de l'administration militaire malgache et le point de départ du soulèvement militaire de 2009, la suite du scénario est évidente. Pourtant l'enthousiasme n'est pas de mise.

Si les militaires s’emparent du pouvoir sans s’appuyer sur un civil, que va-t-il se passer ? Le contexte africain en donne la clé. Au Mali, au Burkina Faso, en Guinée, au Soudan, à chaque fois, le scénario est le même. Des officiers renversent un régime au nom du peuple, promettent une transition courte, puis confisquent le pouvoir pour ériger une dictature sans précédent.

Ne vous y trompez pas. Malgré la propagande des pays de l’AES, soutenus par la machine politique et médiatique russe, malgré les indicateurs économiques brandis comme trophées, la réalité est bien plus sombre avec le muselage systématique des médias, les arrestations arbitraires ainsi que la répression de toute voix dissidente. En définitif, ce sont des États militarisés jusqu’à l’os, où la peur a remplacé la parole.

C’est cette ombre qui plane aujourd’hui sur Madagascar. Une ombre lourde, patiente, prête à engloutir les dernières braises d’une jeunesse qui croyait encore au changement.

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 Sortie(s) de crise(s)

Rappel: Les opinions traduites dans ces pages sont strictement personnelles et n'engagent que leur auteur.

Suite au commentaire de dot.mg par rapport au billet précédent, je m'amuse d'une certaine confusion entre les notions de ruse et d'expérience.

Bien entendu, en prenant la décision finale d'aller à Iavoloha, j'étais (nous étions) conscient(s) que malgré les promesses reçues verbalement, il y aurait une tentative de récupération politicienne. Ayant déjà eu à aller à Iavoloha dans le passé (et dans un contexte différent), je savais également que le cadre était assez antinomique avec une vraie discussion.

Je comprends donc parfaitement les organisations qui ont choisi de ne pas y aller. Mais même si c'était infiniment plus risqué, il est paru plus cohérent de passer d'abord par la voie difficile.

WE DO THIS NOT BECAUSE IT IS EASY, BUT BECAUSE WE THOUGHT IT WOULD BE EASY  vs. 
"'We do these things not because they are easy, but because they are hard.' -John F. Kennedy"

Pourquoi ? Parmi les expériences qui ont influencé ce positionnement périlleux, il y a eu celle ci-après.

Le précédent autoroute

Indri a été relativement en pointe dans l'opposition à la manière dont le projet d'autoroute Antananarivo - Toamasina a été mené. Nous nous sommes mobilisés parce que nous avions constaté sur le "Colisée" (construit mais toujours pas exploité) et sur le téléphérique (guère mieux) que les choses qui paraissent les plus délirantes et les plus improbables aux esprits rationnels peuvent néanmoins arriver à Madagascar lorsque le sésame "projet présidentiel" était prononcé.

Il fallait au moins tenter de limiter les dégâts sur ce projet d'autoroute. La communauté environnementale s'est mobilisée, mais sans grand retour des autorités. Ceux qui au niveau des communautés de terrain protestaient ont été menacés. Comme pour aujourd'hui au niveau de la GEN Z, certaines personnes se sentaient tellement en risque qu'elles ne rentraient plus chez elles et changeaient de lieu chaque nuit.

Il n'y a eu un début de prise en considération des protestations par les autorités que lorsque le tam-tam au niveau international a commencé à porter ses fruits, mais jusqu'ici nous avons encore énormément de mal à trouver le bon interlocuteur.

Bien que tout le monde savait pertinemment qu'il s'agissait d'un projet présidentiel, le pouvoir politique s'est toujours réfugié derrière quelques techniciens qui n'étaient autorisés à lâcher que quelques bribes d'information. Les rares fois où des ministres étaient présents, ils étaient en mode "paroles d'apaisement" sans grand chose de bien concret à présenter.

Bien entendu, les organisations de la société civile n'ont jamais pu rencontrer le décideur final : le Président.

Porter ne serait-ce qu'un peu de contradiction

Pour une fois que celui-ci se sentait obligé d'écouter la société civile (ou au moins de faire semblant), il m'est apparu illogique de sembler se dérober et prétendre que j'avais piscine 😉. Mais il fallait être prêt à être dans le rapport de force.

Comme évoqué auparavant, je savais déjà que le cadre et le contexte seraient assez antinomiques avec une vraie discussion. Que ce soit avant ou pendant la crise, c’est toujours un peu le même format : le Président commence par un long monologue pour justifier sa politique, et garde ensuite la maîtrise du « débat » et de la distribution de temps de parole. Ses collaborateurs quant à eux n’en placent pas une. On est à Madagascar dans toute sa dramatique verticalité…

Dans ces conditions, comme le temps est compté, lorsque tu as la possibilité de prendre la parole, tu dois aller à l’essentiel de ce que tu souhaitais dire. Comme il y a beaucoup de monde, ce sera très difficile par la suite de re-obtenir la parole, encore plus si celle-ci risque de déranger…

Parfaitement conscient qu'il y avait présentes ce samedi là beaucoup d'organisations qui ne seraient que dans le Béni-oui-oui, je me suis préparé à lever le bras en premier dès que le Président demanderait si quelqu'un souhaitait prendre la parole. Pour avoir ne serait-ce qu'une petite chance de se faire entendre, il fallait profiter de l'habituel moment d'hésitation qui arrive à ce moment là, du fait que la majorité des personnes hésitent à prendre la parole en premier…

Comme cela était prévisible, les médias publics ont largement tronqué les propos dérangeants. Comme cela était déjà prévu, nous avons pris les devants en publiant les nôtres. Afin de prendre date.

Le Président n’a pas répondu sur les violences policières (pas plus qu'à Maître Maria Raharinarinivonirina de l'ACAT Madagascar). Il a répondu à côté sur la corruption et est reparti sur les discours d’auto-justification et les belles promesses qui risquent fort de rester sans lendemains, remplacées un jour par d’autres.

Et maintenant ?

Aucun scoop donc pendant la « rencontre », ni d'ailleurs depuis, mais au moins, vita ny ala-nenina.

On sait qu'à Madagascar ou ailleurs, il faut un rapport de force pour avancer. Encore faut-il que la discussion soit posée sur de bonne bases et que le rapport de force soit sain.

Je suis convaincu qu'en de telles circonstances, la désobéissance civile pacifique est le seul véritable levier à la disposition d'une population désarmée.

Elle permet à l'ensemble de la population de continuer à participer au mouvement. Selon certains chercheurs, la participation pacifique mais désobéissante de "seulement" 3,5% de la population serait suffisante à faire tomber tout gouvernement.

Voyons voir cela.

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 Une crise de plus

Madagascar vit1 "une crise" de plus. Je renonce à compter celles que j'ai connues, hésitant notamment à décider si les événements de 2018 ou de 2023 sont à recenser comme telles.

La tentation d'être blasé pourrait être grande. À chaque fois, l'on est tenté de se dire : Tsy mbola nisy hoatran'ity (on n'a jamais rien vu de tel). Pour constater néanmoins que c'est fondamentalement la même chose. La crise de 2025 a des airs de déjà vu, car ses causes présentent beaucoup de similarité avec celles précédentes : des problèmes structurels qu'il faut absolument régler et qui ne peuvent plus l'être qu'en secouant le cocotier.

Mais si je suis tenté de m'exclamer quand même Tsy mbola nisy hoatran'ity, c'est parce que la situation paraît particulièrement grave et compliquée. D'un naturel combatif et optimiste (ce n'est pas pour rien que j'avais décidé de rentrer au pays en plein milieu des années 1980), je me rends néanmoins compte que si l'on veut que le pays ne s'en sorte pas trop mal cette fois-ci, il va falloir être vraiment combatif et créatif. Et qui plus est persistant, car ras le bol de devoir à chaque fois recommencer.

Il peut paraître cynique d'écrire que les crises sont des opportunités. Cela n'en est pas moins vrai : les crises sont un rappel à la réalité et peuvent être l'occasion de repartir plus sainement et même plus vigoureusement. En espérant que cette fois-ci, la tendance naturelle à l'amnésie et au laisser faire ne rattrape pas les Malgaches une fois de plus (et une fois de trop).

Même si je me soigne, mon caractère intrinsèque est celui d'un ours asocial. Cela a ses inconvénients et ses avantages. Sur ce dernier point, la distanciation sociale m'a souvent aidé à être libre du "qu'en dira-t-on" et des "amitiés" pas très sincères qu'on peut facilement contracter dans le cercle étroit des gens qui ont la chance d'être un peu privilégiés à Madagascar. Surtout (et assez paradoxalement), cette distanciation sociale peut épisodiquement aider à mieux distinguer les personnalités des individus et la nature des rapports sociaux.

Dans le contexte d'une crise, j'en arrive à une classification qui vaut ce qu'elle vaut, mais qui m'est cependant utile :

  1. les faux derches qui, sur le fond et malgré quelques belles déclarations généreuses, n'ont jamais pensé qu'à leurs intérêts personnels ;
  2. ceux qui ont été embarqués sans s'en rendre compte du mauvais côté de l'histoire et n'ont pas les moyens d'en sortir ;
  3. ceux qui ont été embarqués sans s'en rendre compte du mauvais côté de l'histoire et qui, même s'ils ne s'en rendent pas vraiment compte, ont encore la possibilité d'en sortir ;
  4. ceux qui ont le luxe immense de pouvoir dire ce qu'ils pensent, mais n'ont pas le courage de le faire ;
  5. ceux qui ont le luxe immense de pouvoir dire ce qu'ils pensent, et entendent user de cette liberté ;
  6. ceux qui ne sont pas vraiment en mesure de s'exprimer bruyamment mais n'en pensent pas moins (la fameuse "majorité silencieuse").

Aujourd'hui pourrait bien être un jour critique (c'est vrai aussi qu'on dit ça à maintes reprises pendant une crise malgache…). Persuadé de comprendre et partager ce que pense la catégorie 6, appartenant à la catégorie 5, j'espère que ma prise de parole pourra au moins faire réfléchir quelques uns des catégories 3 et 4.

Le courage n'est pas l'absence de peur, mais la capacité d'affronter ce qui fait peur.

PS : J'ai pour règle de ne pas me cacher et d'assumer publiquement mes opinions. Mais si vous voulez des discussions plus discrètes, les adresses mail en barijaona.com et reniala.net s'appuient sur Proton Mail et je suis présent sur Signal avec mon numéro de téléphone Orange et mon nom.

PS : Petite clarification : parce que je suis un ours asocial qui tente de se soigner, mes idées se trouvent essentiellement ici et sur mon compte Mastodon.

Je me rends compte que même dans des circonstances extrêmes comme celles-ci, il est inutile et pas très sain pour ma santé d'essayer de m'exprimer sur les réseaux mainstream (mes comptes n'y servent qu'à de la lecture très ponctuelle) :

  • trop de comptes fake et fako avec des algorithmes favorisant la création de bulles conspirationnistes,
  • le ton trop commercial (certains vendent des marchandises, d'autres leurs gueules, si ce n'est leur c…), alors que je n'ai rien à vendre, juste un petit peu à partager,
  • c'est bien plus cool là où j'ai pris mes habitudes.

  1. J'allais écrire "subit", mais je me rends compte que le mot peut paraître péjoratif. ↩

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