Étonnements rapides et durables
Vue imprenable des bas-cotés de la planète, à Antananarivo.
dimanche 11 mai 2003
C'est le photographe qui fait les photos, pas l'appareil...
La photo numérique est de plus en plus tentante. Je vais tenter de résister... résister...
- Se dire que grâce aux nouveaux minilabs, photo numérique ne rime pas forcément avec appareil numérique, et qu'en matière de qualité de visée et de temps de latence au déclenchement, les numériques ne menacent pas vraiment mon F801S ;
- Se calmer en relisant cet excellent livre (version française chez Eyrolles...) que je n'ai même pas exploité à fond ;
- Se rappeler que la facilité du numérique, il ne faut pas en abuser :
Je suppose que vous appelez pour demander pourquoi j'ai détruit ma carrière.
(...)
J'ai travaillé pour le Boston Herald sous Rupert Murdoch. Ils coupaient et collaient les photos.
(...)
J'ai abimé ma réputation et celle du LA Time, et ça me fait mal. Et c'est difficile d'affronter ce qui est lié à l'internet. J'ai cherché mon nom dans Google, et cette histoire apparaît dans 25 langues. Tout photographe veut être connu pour une photo qu'il a pris. Je serais connu pour cette chose.
Tune : digue formée de fascines et de graviers pour arrêter l'action des eaux
En explorant le voisinage de ce site, je constate que l'humanité carnettière manifeste beaucoup d'intérêt pour les initiatives musicales d'Apple (Computers, pas Records).Surprise, c'est un franc succès. Cette petite secte "numériquement négligeable" d'applemaniaques (le service n'est accessible qu'aux ordinateurs sous MacOS X), soupçonnée qui plus est d'être rebelle au grand capital, débourse en une semaine pas loin d'un million de dollars au lieu d'aller tranquillement pirater sur Kazaa.
Ça change tellement des bides précédents qu'on croit discerner un changement fondamental dans l'industrie de la musique.
Fondamentalement, il n'y a pourtant pas de grande révolution conceptuelle derrière ce produit, mais pour avoir fait joujou avec (il m'a fallu activer l'option Charger l'extrait complet avant lecture
compte tenu de la lenteur de ma connexion internet), je crois qu'il répond bien à deux petites évidences :
- contrairement au poker, en matière de musique, il est fastidieux aujourd'hui d'avoir à payer pour voir (ou plus précisément pour entendre). Nul besoin sur iTunes Music Store de souscrire à un abonnement mensuel, ou de donner un numéro de carte bancaire pour écouter un extrait de 30 secondes de tout morceau en ligne. L'interface très claire incite à l'exploration et présente des morceaux analogues à ceux qui vous ont intéressés, favorisant le coup de coeur musical. C'est après que ça peut se gâter... Après les factures d'internet et de téléphone mobile, les dépenses sur iTunes Music Store vont assurément provoquer quelques discussions intéressantes entre jeunes adolescents et leurs parents ayant laissé traîner leur numéro de carte bancaire.
- si quelqu'un accepte de payer de la musique, c'est dans l'intention de la posséder et de la conserver. Les morceaux achetés sont protégés, mais sans que ça représente une gêne pour un utilisateur normal qui pourra les graver sur CD, ou les transférer facilement sur d'autres ordinateurs et équipements... On fait confiance à l'utilisateur, ce qui en soit est une petite révolution. L'architecture technique est d'ailleurs ouverte, et il ne serait pas étonnant qu'on assiste autour du site à des développements intéressants (des clients Windows et Linux non officiels, par exemple...).
Mais pourquoi Steve Jobs a-t-il réussi à concevoir un système suffisamment convaincant pour que l'industrie du disque lui fasse confiance ? Peut-être parce que sa nature profonde est celle d'un hacker, pas celle d'un ingénieur, ni celle d'un homme d'affaires.
Paul Graham a comparé les hackers aux peintres. C'est assez vrai, mais à la lumière de la diversité des oeuvres de Léonard de Vinci, et de certaines de mes préoccupations professionnelles de l'heure, je trouve l'analogie de l'architecte plus frappante encore.
L'architecte ne ressemble vraiment ni à un chercheur, ni à un ingénieur. Il en est de même pour le bon programmeur. L'essence du travail de l'architecte est de dessiner des prototypes uniques, tout comme une startup invente des logiciels qui n'ont jamais existé.
L'outil de travail de l'architecte est l'esquisse, plutôt que la notice de calcul ou le modèle conceptuel de données.
La qualité du travail de l'architecte se juge sur sa beauté, plutôt que sur sa complexité, et contrairement à une publication dans Nature ou dans l'AIP ne peut s'apprécier vraiment qu'avec le recul du temps. Un beau morceau de code s'apprécie comme un beau plan.
Pour améliorer la qualité, il faut non pas accumuler la planification et le détail des spécifications, mais accumuler les essais, et ne pas hésiter à revenir en arrière sur ce qui a déjà été fait.
Optimiser trop tôt, spécifier trop finement trop tôt ne crée pas un environnement de travail incitatif. Mais au final, il faudra être compulsivement obsédé de qualité pour arriver à un niveau irréprochable dans les détails. Ça ne vous rappelle pas un certain Steven Paul Jobs, ça ?
Impossible de ne pas se remémorer les propos de Martha Stewart, domestic diva, qui font ressembler encore plus ce suiveur de Bill Gates à un promoteur immobilier persistant à faire des économies sur les serrures :
« La maison de Bill Gate est complètement démodée. Il l'a fait construire juste avant que le Sans-fil n'apparaisse. Toutes ces goulottes pour tous ses fils, il n'en a plus besoin maintenant. »
Peaux de vaches et vestes en léopard
Dès ma très tendre enfance, entre le bol de Nesquik et la tartine à La Vache qui Rit, ce qui était alors le Zaïre me faisait peur. Peur que Madagascar ne s'aligne sur ce qui était alors décrit comme le pays le plus corrompu du monde.Avec tous les problèmes qui accablent la RDC, on ne peut qu'à moitié leur reprocher de ne pas avoir su tirer les leçons du Joola.
Dans ma très tendre enfance, tout conducteur de véhicule automobile semblait avoir une frousse bleue de la surcharge, et de l'uniforme du policier en de telles circonstances...
Aujourd'hui, les craintes des chauffeurs semblent avoir reflué, et celles de mon enfance s'être réalisées.
Qui plus est, Nestlé a inventé entre-temps pour le chocolat de mon enfance une mascotte dont le nom évoque désormais pour moi autre chose que le temps de l'innocence, époque où j'ignorais que si les vaches riaient, c'était peut-être de nous.