Difficile de garder la tête froide
Petit résumé pour ceux qui ont la chance d'être loin :
- depuis quelques mois, on constate un renforcement des tendances autocratiques de notre Chef de l'État. Ce qui me paraît personnellement le plus emblématique : une modification de la Constitution :
- Avant : «Article 15 : Tout citoyen a le droit, sans aucune discrimination fondée sur l'appartenance ou non à un parti politique ou sur l'obligation d'être investi par un parti politique, de se porter candidat aux élections prévues par la présente Constitution, sous réserve des conditions fixées par la loi.»
- Après : «Article 15 : Tout citoyen a le droit de se porter candidat aux élections prévues par la présente Constitution, sous réserve des dispositions de l'article 46 ci-dessous et des conditions fixées par la loi.»
Ce qui permet de faire passer une loi qui non seulement stipule que seuls peuvent se présenter à une élection les personnes investies par un parti, mais pose tellement de conditions pour qu'un parti politique soit reconnu qu'à l'heure actuelle, seul le parti présidentiel est assuré de les remplir.
la nuit du samedi 13 au dimanche 14 décembre 2008, presque exactement un an (coïncidence ou pas ?) après l'élection du maire de la capitale Andry Rajoelina par une vague protestataire, la chaîne de télévision Viva appartenant à celui-ci, se voit fermée précipitamment. Cela se fait en court-circuitant toutes les garanties et procédures prévues dans l'Ordonnance sur la communication (il faut dire que les régimes qui se sont succédés se sont bien gardés de mettre en place le Haut Conseil de l'Audiovisuel prévu par cette ordonnance).
À partir de là, c'est l'escalade. Prenant à témoin la population, le maire de la capitale fixe un ultimatum d'un mois aux autorités pour régulariser la situation, ainsi que celle de toutes les stations de radio et télévision privées fermées. Ce qui n'est évidemment pas fait, et amène logiquement le maire à donner une dimension de plus en plus nationale à ses revendications.
- Samedi dernier, 24 janvier, lors d'une manifestation interdite par le préfet de police, Andry Rajoelina :
- exige la démission du gouvernement,
- appelle à une grève générale,
- se déclare prêt à prendre les responsabilités qu'on lui confierait dans une transition,
- descend avec ses partisans sur la place du 13 mai 1972, lieu symbolique de toutes les révolutions politiques survenues à Madagascar au cours des 40 dernières années.
Dimanche 25, afin de prouver que le président Marc Ravalomanana reste populaire, son parti, le TIM, a appelé la population à l'accueillir en masse à son retour d'Afrique du Sud. Le parti présidentiel fait une belle démonstration de force, mais des incidents, dont chacune des parties rejette la responsabilité à l'autre, éclatent.
Au cours de la nuit, des éléments armés et cagoulés ont forcé les barrages qui protégeaient l'émetteur de la radio Viva et celle-ci a cessé d'émettre à partir de 3h.
Liens complémentaires :
- quelques photos des manifestations du TGV ;
- fil twitter ;
- Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ratifié par Madagascar avec son protocole facultatif ;
- déclaration de l'Assemblée Générale des Nations-Unies du 9 décembre 1998 sur les défenseurs des droits de l'homme (fichier PDF qui n'a pas de relation directe avec ce qui précède, mais qui me paraît important : Chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de participer à des activités pacifiques pour lutter contre les violations des droits de l’Homme et des libertés fondamentales. (...) L’État prend toutes les mesures nécessaires pour assurer que les autorités compétentes protègent toute personne, individuellement ou en association avec d’autres, de toute violence, menace, représailles, discrimination de facto ou de jure, pression ou autre action arbitraire dans le cadre de l’exercice légitime des droits visés dans la présente Déclaration).